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Fury Of The Headteachers

You Took A Scythe Home

Fury Of The Headteachers - You Took A Scythe Home
Chronique Album
Date de sortie : 07.05.2007
Label : Grace Records
35
Rédigé par jOe, le 8 mai 2007
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Bien que chaque semaine on prédise son extinction, l'invasion anglaise continue fièrement sa marche royale, faisant fi des prévisions funestes d'une presse musicale toujours prête à dénigrer un courant au profit d'un autre, plus neuf, plus excitant. D'excitation il en est pourtant fortement question dans You Took A Scythe Home, le premier album des exaltés Fury Of The Headteachers. La perfide Albion n'en finira-t-elle donc jamais d'enfanter de nouveaux rejetons électriques propres à bousiller les oreilles sensibles et proéminentes du Prince Charles ?

Leur provenance directe de Sheffield, fief des Arctic Monkeys, pourrait induire les distraits en erreur. Attention ! FOTH n'est en aucun cas un ènieme buzz made in Myspace destiné à une gloire express et un recyclage de masse. D'ailleurs si vous soumettez cette idée à ses membres il y a de fortes chances qu'ils vous répondent par une méchante mandale en pleine poire.
Nouvel avatar de la British Army Of Indie Noise, Fury Of The Headteachers est sans conteste l'un de ses généraux les plus furieux, les plus désaxés. Après avoir assené à la face de leur pays trois singles effrontés encensés par la presse et joués en boucle sur les forums, le sextet sort du bouillonnement artistique de sa cité et nous livre enfin son premier album.
Le constat est sans appel : c'est l'un des objets postpunk les plus excitants qui nous ait été donné d'entendre depuis longtemps. Dès l'ouverture (leur premier single, Fables) qui retient l'explosion pour mieux nous l'envoyer à la figure quelques mesures plus tard, la tension sonique agissant au sein du groupe frappe de plein fouet. Elle vous prend à la gorge. Les morceaux sont courts, urgents. Leur enchaînement ne laisse place à une aucune accalmie. Au contraire c'est à une montée en puissance effrayante que se livrent les membres de ce groupe survolté. Les guitares dispensent des riffs aigus et tranchants cousins de ceux qu'on pouvait entendre jadis chez At The Drive-In ou Pretty Girls Make Graves. La section rythmique soutient le tout d'un groove épileptique et syncopé. Martèlement brûlant des fûts, basse en ébullition : le fantasme rock n' roll dans sa définition la plus évidente. Tous ces éléments s'entrechoquent, s'insultent copieusement dans les tympans hallucinés de l'auditeur. L'atmosphère est suffocante, malsaine. On distingue à travers ces fulgurances bruitistes des murs de briques dans une cave vaporeuse, des gouttes de sueur perler sur des fronts veinés, des corps en affrontement physique avec les instruments. Et quand le tempo se fait plus dansant on se sent presque pervers à remuer sur un rythme aussi dépravé que celui de Misfortune ou Farewell Comrade.

Se démenant au-dessus de ce marasme métallique Chris Presland, prédicateur punk cinglé, fait dans le débit étranglé perdu entre chant affolé et braillements Stoogiens (on pense d'ailleurs à Iggy Pop et ses acolytes sur le trépidant Optimistic). Si son chanteur n'avait cet accent typique des faubourgs anglais, on pourrait croire la musique de FOTH débarquée des rues de Detroit ou de New York. A l'écoute de ce disque, on pense aussi à des Buzzcocks enfermés dans un asile, se débattant comme des diables dans une camisole de force. Cette impression de folie ambiante trouve son point d'orgue dans un morceau final complètement siphonné du bulbe : Replicas, une charge noisy et sauvage d'où n'émane aucune pondération mais qui laisse entrevoir un sens de l'expérimentation peut-être encore trop timide pour faire de ce premier album un classique instantané. Chaque chose en son temps...

On n'est pas près d'entendre les décharges nihilistes de FOTH à la radio (quoi que, certains morceaux étant assez gigotants... on n'est pas à l'abri d'une surprise) et ce n'est probablement pas plus mal. Néanmoins Il est tout à fait permis d'espérer voir cette débauche d'énergie brute sur une scène parisienne au plus vite tant les critiques d'outre-manche donnent envie. Pour le moment, on se contentera d'une écoute avide de ce très bon album dont la suite à intérêt à être à la hauteur.
tracklisting
    1. Fables
  • 2. Me Minus My Plus One
  • 3. Misfortune
  • 4. Lash
  • 5. Right Is Right Is Right
  • 6. Farewell Comrade
  • 7. Optimism
  • 8. 52 In 1
  • 9. Not What It Used To Be
  • 10. What Does For You Will Do For Me
  • 11. Replicas
notes des lecteurs