Hell Is For Heroes

A l’image de la nouvelle livraison récente des énervés de Biffy Clyro, cela faisait également un petit bout de temps que l’on attendait des nouvelles de l’un des plus furieux quintette britannique de ces dernières années, les géniaux Hell Is For Heroes. Après deux années plus que chaotiques, marquées par un deuxième album accueilli plus que froidement et un changement forcé de maison de disque, les londoniens nous reviennent enfin avec un troisième album éponyme censé relancer la machine et marquer un nouveau départ pour eux après cette période de doute.

Lorsqu’on a déjà eu la chance d’écouter au moins une fois The Neon Handshake (premier album et chef d’œuvre du groupe) et donc de se le prendre en pleine face, il est toujours délicat de découvrir une nouvelle livraison discographique des Hell Is For Heroes tant on se prend à rêver d’un autre album aussi sauvage, aussi tendu et aussi réussi que celui-là. Bien évidemment (comme l’histoire du rock nous l’a déjà bien souvent montré), il est plus que rarissime qu’un groupe arrive à reproduire l’état d’urgence et de passion dans lequel il se trouve au moment d’enregistrer son premier effort et dans ce sens, mieux vaut essayer un maximum de mettre de coté cette référence afin d’apprécier la discographie future d’un tel groupe.
Ainsi, le deuxième album des britanniques en avait déçu plus d’un car, même s’il était composé de quelques chansons excellentes (Folded Paper Figures ou One Of Us en tête), il n’arrivait pas à la cheville du précédent alors qu’il essayait vraiment de jouer dans la même cour brute et énergique.

En 2007, fort intelligemment, les Hell Is for Heroes sont arrivés à mixer leur incroyable énergie primaire avec une bonne dose d’émotion et d’harmonies parfois aériennes inspirées directement de certains groupes de post-rock et notamment des exceptionnels texans d’Explosions In The Sky. L’incroyable morceau d’ouverture To Die For et la parfaite clôture Once And For All s’imposent ainsi d’eux-mêmes comme des jalons importants pour le futur du groupe, tant ils parviennent à canaliser toutes leurs forces dans un format intéressant car légèrement plus long que d’habitude (supérieur à 5minutes). On peut également inscrire dans cette lignée le premier single You’ve Got Hopes (qui démarre beaucoup plus calmement qu’à l’accoutumée pour finir par exploser dans un déluge de cris et de décibels) ainsi que la piste musicale sans nom (piste 7).
Mais que les fans du combo britannique ne s’y trompent pas, les Hell Is For Heroes restent toujours également maîtres d’un rock racé, prenant racine dans l’énergie du punk, et se composant de décharges d’adrénaline aussi puissantes que directes. Pour preuve, des morceaux de bravoure tels que Into The Blood, Stranger In You, Only The Ridiculous Will Survive ou l’imparable My Protector nous rappellent bien fortement l’époque de gloire de The Neon Handshake.
Entre ces deux directions assez prononcées, le reste de l’album s’avère donc fort puissant tout en restant beaucoup plus mélodique à l’image de l’intro paisible d’Arcades ou des harmonies impressionnantes de Between Us. Au final, seule la plus poussive Hands Up! ne s’impose pas d’elle-même et rappelle vaguement quelques morceaux du deuxième album, c’est à dire pas forcément mauvaise en soi mais très quelconque au niveau de la structure.

Après un deuxième album en demi-teinte, les Hell Is For Heroes redressent donc fortement la barre avec ce disque éponyme renouant avec l’énergie du passé tout en élargissant leur horizon musical vers un univers plus complexe, plus mélodique mais toujours aussi passionné à l’image des parties vocales habitées de Justin Scholsberg.
La qualité est donc bien présente, pour le succès… cela risque d’être une autre histoire tant le public (français comme européen) semble bouder ce groupe incroyablement méconnu, trop bruitiste pour les passionnés d’indie-rock et sans doute pas assez facile d’accès pour les djeuns fans d’emo-rock.
Les temps sont décidément difficiles pour tout le monde et espérons simplement que la flamme qui guide les Hell Is For Heroes ne les abandonne pas et que ce groupe si attachant puisse continuer à aligner des concerts et des disques remplis de sueurs, de larmes et d’émotion… après tout, l’enfer, ça se mérite…