Fridge

Electronica ? Post-rock ? Rock expérimental ? Pop ? Fridge, définitivement inclassables, n'ont jamais été rangés dans les tiroirs habituels de la presse, si ce n'est dans la case des groupes oubliés. Absent depuis la parution en 2001 d'un dernier album, le trio méconnu du grand public compte malgré tout dans ses rangs trois anciens camarades de classe, Kieran Hebden (Four Tet), Adem Ilhan (Adem) et Sam Jeffers. Excusez du peu.

The Sun est ainsi un album à l'image de la diversité des backgrounds musicaux des trois anglais. Si Sam Jeffers n'est jamais parvenu à se faire un nom, ses deux anciens partenaires se sont forgés au fil des années une réputation respectable, le premier dans l'électronique et le second dans un univers pop et folk aux sonorités traditionnelles. L'écoute de leur cinquième album nous amène à la croisée des territoires, là où les barrières de la musique moderne disparaissent face au génie créatif d'une poignée d'artiste. Un monde austère et envoûtant, attirant et étrange, mais surtout d'une grande richesse. Titre éponyme placé en ouverture du disque, The Sun laisse tout d'abord craindre le pire. Le morceau se veut bruitiste, répétitif et lourd, presque étouffant tant l'auditeur se sent écrasé par le poids des instruments. Et lorsque les premières minutes de Clocks semblent suivre la même direction, on ne peut qu'admettre à quel point le voyage musical proposé va s'avérer tortueux. Passée cete entame pour le moins rebutante, le disque parvient à se faire apprécier à travers une série de titres ingénieux et jamais redondants.
On pense ainsi à Oram, caractérisé par une légèreté et une simplicité appréciables, le planant Comets et même un Insects sur lequel Adem Ilhan semble enfin parvenir à prendre le dessus sur Kieran Hebden. Le constat est pourtant des plus simples : quiconque trouvera le courage de braver l'intégralité du disque se verra récompensé par des compositions d'une qualité croissante, avec en point d'orgue les très réussis Lost Time et Years And Years And Years And Years.

A réserver aux plus persévérants, The Sun présente une palette de sentiments peut-être trop vaste ou pas suffisamment accessible. Pour leur retour, après avoir évolué dans des directions tout aussi diverses que variées, il ne fallait sans doute pas en attendre moins de la part de Fridge.