Bien qu'en février dernier The Hours aient sorti Outre-Manche leur tout premier album, ils ont déjà pas mal d'années d'expérience derrière eux.
Le multi
-instrumentaliste Martin Slattery a fait parti de Black Grape en 1993 avec deux des membres de Happy Mondays avant de jouer dans le groupe de Joe Strummer formé en 1999, The Mescalitos, dont le premier album a été produit par Antony Genn. Ce dernier a également travaillé en tant que producteur sur quelques sessions du duo de trip-hop UNKLE et a joué un temps avec Elastica et Pulp, avant de former en 2004 The Hours avec Martin Slattery.
Historique complet donc, qui leur a peut-être inspiré le nom de The Hours et leur subtil artwork créé par le talentueux artiste contemporain Damien Hirst
. Mais malgré cet entourage terriblement séduisant,
Narcissus Road est relativement passé inaperçu, ce qui est fort regrettable car il vaut largement le détour.
Se permettant tous les excès, les deux acolytes naviguent ici entre montées de rock animal et descentes de pop orchestrale et réussissent à éviter les pièges trop indigestes du piano rock, dû notamment au caractère mouvant des compositions et au chant chaleureux de Antony Genn.
Love You More et
Ali In The Jungle déploient leur rugosité triomphante jusqu'à s'assombrir en chemin pendant que plus loin
Murder Or Suicide, probablement la pièce la plus schizophrène de l'album, rappelle le meilleur de
Mumm-Ra dans un duel guitare/piano dérangé du plus bel effet.
Back When You Were Good et ses instruments classiques s'emparent de l'espace avec une grâce distinguée avant que la guitare de
I Need To Know répande sporadiquement des notes imparables et emmène peu à peu le titre vers des contrées funk. Entre-temps,
People Say et
Narcissus Road qui se veulent académiques sur la durée, voire même ennuyeux, dévient soudainement leur course pour deux finaux intenses et redoutables. Le groupe parvient réellement à ménager ses effets sur la longueur pour ne pas semer l'auditeur.
Même le lent et régulier
I Miss You échappe aussi au sentimentalisme exacerbé que de nombreux groupes pop revendiquent, non pas cette fois en changeant de rythme mais justement en restant concentré sur la ligne directrice mélodique tenue de voix de maître par un Genn passionné. Les yeux fermés et le coeur lourd, il avance majestueusement sur un fil cousu main sans vaciller un seul instant.
Malgré quelques écarts
Keanesques (sur
Dive In et l'étouffant
Let Me Breathe), The Hours ont su garder la distance sur ce
Narcissus Road aux allures de modeste odyssée cahotante. Il reste donc encore de la route à faire avant de pouvoir acquérir la mentalité de
Kasabian ou
Oasis.