Reuben

Régulièrement cités comme l'une des formations majeures de la scène underground anglaise actuelle, Reuben nous reviennent avec un nouvel opus, le premier depuis la création de leur propre label Hideous Records. Plus abouti que Very Fast Very Dangerous mais moins accessible que Racecar Is Racecar Backwards, In Nothing We Trust s'annonce d'emblée comme l'un des disques les plus bruyants de l'été.

Profitant de la totale liberté que leur confère désormais leur nouveau statut, les trois jeunes anglais poursuivent leur route là où ils l'avaient quittée, revisitant les circuits indépendants tout en demeurant fidèle à des racines post-hardore et punk plus évidentes que jamais. En résulte ainsi un album sans compromis comme le prouve le tonitruant single Blood, Bunny, Larkhall ou le très prenant titre d'ouverture qu'est Cities On Fire.
Une fois de plus, la voix à double tranchant de Jamie Lenman fait des merveilles. En faisant osciller ses cordes vocales entre un chant classique et des hurlements à peine retenus, celui-ci ouvre les portes des genres tel un véritable bulldozer. A l'image d'un Suffocation Of The Soul dépassant le cap des sept minutes, le groupe va même jusqu'à explorer une voie expérimentale jusqu'alors jamais effleurée alors que l'incursion du piano sur Agony/Agatha plonge le trio en pleine période britpop à la sauce punk.
Contrairement à ses précédesseurs, In Nothing We Trust souffre toutefois d'un manque d'hymnes fédérateurs. Pris séparément, de nombreux titres possèdent un potentiel certain, mais l'ensemble que constitue ce disque semble mettre en avant une maturité fébrile et une tentative de diversification peu assurée. Les plus fervents admirateurs du combo n'y verront là qu'une évolution classique, mais les autres chercheront peut-être derrière ces symptômes les prémisses d'une déchéance future.

Avec In Nothing We Trust, Reuben proposent donc une approche musicale plus variée mais peut-être aussi moins convaincante. Une bonne surprise malgré tout, en dépit de ces quelques faiblesses apparentes.