Joff Winks Band

Après la parution de trois premiers singles conjuguant à la fois originalité et grande intensité mélodique, bref, qui avaient vraiment retenu l’attention, le quatuor qui brouille les cartes en empruntant son nom à celui du songwriter du groupe, nous gratifie enfin de la sortie de son premier opus, Songs For Days. Celui-ci, composé et enregistré sur une période assez longue, puisqu’elle ne couvre pas moins de six mois, propose un florilège de chansons balayant tous les horizons de la poprock anglaise. Ainsi la variété et la qualité technique sont quelques-uns des nombreux atouts de la formation.

Dès Book End, l’introduction de cet album qui frise la production conceptuelle, on s’immerge dans l’atmosphère ouatée de la recherche harmonique avec le contraste entre les instruments nobles et très mélodiques, comme le piano, et les cymbales noisy et saturées du bouquet final. Après l’entrée en matière qui plante le décor, déferle un déluge de compositions plus abouties les unes que els autres, dont la majeure partie, à l’instar de Juniper ou encore Manic Street Preachers, autant du point de vue de l’esprit rock que du point de vue des harmonies vocales ou électriques. D’autres morceaux, en revanche, à l’image de Revisited Song, Hedonic Treadmil et Morning Sun, lorgnent plus résolument du côté de la pop des années quatre-vingt-dix, tout en enrichissant cet univers musical au moyen d’un foisonnement d’instruments de second plan. Ainsi ne peut-on s’empêcher de songer à des formations comme The Verve pour la touche symphonique et grandiloquente et même Suede pour l’aspect torturé.

Si, la perfection n’est pas de ce monde, l’album est ponctué de quelques morceaux ennuyeux, mous du genou, totalement dispensables, par exemple It Grows In My Garden et Little Machines où on frôle l’assoupissement, Songs For Days se révèle être une très bonne surprise de la part d’une formation qui détone par rapport à ses homologues, jouant franchement la carte du croisement des genres, à mi-chemin entre technique irréprochable (on flirte parfois avec le jazz) et inspiration de tous les instants. Bref, un bel esprit dans un corps sculptural.