Aqualung

La pop à piano, on l'aime ou on la hait. On apprécie ses ambiances dépouillées et ses envolées grandiloquentes ou on recule face à la mièvrerie des textes et des complaintes vocales miles fois entendues. Avec ce troisième album, Memory Man, Aqualung, plonge à nouveau de plein pied dans ce monde empli de clichés et parfois d'un goût douteux, mais réservant aussi de nombreuses surprises tout aussi inattendues que salvatrices.

En tirant définitivement une croix sur les ambiances minimalistes que renfermait son premier album, Matt Hales poursuit l'évolution entamée quatre années plus tôt sur Still Life. Le piano est certes toujours la clef de voûte de son monde, mais les incursions dans le monde de l'électronique et plus encore dans celui de copieux arrangements apportent un vent de fraîcheur au disque tout en ouvrant de nouvelles portes à l'artiste. Souvent encensé pour son talent vocal, le songwriter prouve à nouveau qu'il demeure un remarquable narrateur dont les envolées plaintives peuvent toutefois énerver tout autant l'auditeur qu'il parvient à le charmer à d'autres instants.

La majorité des compositions du disque souffrent malgré tout d'un manque d'inspiration au niveau mélodique et instrumental. Les structures des chansons, répétitives et trop prévisibles, paraissent avoir été entendues mille fois auparavant sans pour autant avoir été retenues de par leur qualité. Les lentes introductions mélancoliques se succèdent tout comme de plats refrains à l'efficacité peu évidente. Les bonnes surprises que propose Memory Man naissent ainsi du très « radioheadien » Something To Believe In, du single Cinderella mais aussi de la collaboration avec Paul Buchanan (The Blue Nile) sur Garden Of Love.

Rythmé et dense, ce troisième album d'Aqualung ne présente au final qu'un intérêt très limité sur la durée. Un disque à déguster durant les chaudes nuits d'été en attendant la déferlante de la rentrée prochaine...