Jackson Analogue

C'est un fait indéniable : le retour au rock initié en 2000 par des groupes comme les Strokes semble s'essouffler et laisser peu à peu sa place à la nouvelle vague electro-pop. Certains irréductibles, bien décidés à ne pas entériner ce constat, continuent néanmoins à creuser avec passion le sillon d'un revival rock et garage qui commence sérieusement à proposer des choses intéressantes.

Parmi ces groupes, les nouveaux venus de Jackson Analogue font figure de caution culturelle pointue, d'amoureux du vintage. Il suffit de voir la dégaine de ses membres qui, loin de s'enliser dans un travail visuel recherché comme celui de leurs compatriotes The Horrors, semblent tout droit sortis du fond fond de l'Alabama. Barbe négligé, embonpoint prononcé, cheveux gras et en désordre, chemise à carreaux bref, l'attirail du parfait petit fan de Creedance Clearwater.
Et l'influence de ce groupe, tout comme celle des Doors, du blues blanc et rugeux du sud des USA ou encore de certaines des folies électriques de Neil Young sont omniprésentes dans And Then, Nothing, le premier album de Jackson Analogue. Ici, pas de fioritures formatées pop. Pas de volonté de faire dans l'efficace et, surtout, une véritable passion pour la musique rock classique américaine. Cet amour pour les vieilleries à ampli Fender transpire tout au long des compositions du groupe. On sent dans ce premier effort la volonté de s'écarter de l'image d'un simple revival et de se rapprocher d'un hommage sincère à ses parrains. Et pourtant, malgré toutes ces bonnes intentions on sent que l'ensemble ne fonctionne pas complètement. Les morceaux n'apportent absolument rien de nouveau et manquent cruellement de personnalité. Le son, la production sont trop propres pour attirer l'oreille plus de trois morceaux et on se prend vite à écouter défiler ce disque en fod sonore, sans avoir jamais l'intention d'aller y chercher la perle rare (qui, de toute façon, ne s'y trouve pas).

Jackson Analogue est encore jeune et sonne pourtant déjà vieux. C'était peut-être le but recherché mais l'effet n'est pas celui qu'on aurait souhaité. L'atmosphère n'évoque jamais les visions incandescentes de ses prédécesseurs et on imagine surtout le groupe jouer dans une Guinness Taverne pendant des heures une musique inspiré mais creuse. Cela-dit rien n'est encore joué. Ce premier album recèle tout de même trois morceaux assez entraînants et quelques arrangement qui peuvent nous laisser espérer du mieux pour leurs prochains travaux. D'ici là, il va falloir travailler sur l'identité musicale et digérer un peu ces influences classieuses mais écrasantes.