Mother & The Addicts

L'incapacité d'une grande partie des groupes de rock anglais à se renouveler (ou même à délivrer des disques intéressants plus de deux morceaux) atteint, ces jours-ci des cimes vertigineuses. Mother & The Addicts est l'exemple type du groupe qui passe son album entier à chercher son identité propre, quitte à en oublier d'écrire des chansons.

Coincés quelque part entre Edwin Collins, Madness et les B52's, le tout emballé dans une production dans l'air du temps (garage saupoudré de claviers éléctro/vintages) les studieux membres de M&TA plaquent respectueusement leurs influences sur des accords répétitifs et un peu fades. On sent les bonnes intentions, la volonté de se démarquer du format post-libertines (qui consiste à tout laisser reposer sur la nonchalance et capitaliser sur le talent d'un groupe qui appartient aujourd'hui à l'histoire) mais rien n'y fait : de All In The Mind à The Wild, l'album Science Fiction Illustrated est mou, longuet, mal foutu et croule sous ses références non digérées. Si l'on excepte quelques digressions bruitistes maladroites mais bienvenues et une envolée de funk tendu assez jouissive au vu du reste (le dansant Are Others qui ferait presque écho aux rythmes syncopés de The Rapture en plus sage) il ne reste que peu de choses à sauver de ce coup dans l'eau.

Un groupe, aussi jeune soit-il, pourrait tout de même avoir assez de clairvoyance et ne pas sauter le pas de l'album tant que les compositions ne sont pas au niveau. Ce qui, ici, est clairement le cas. Est-ce le lot de la génération iPod? Devoir se taper les albums de groupes se contentant de deux ou trois chansons efficaces pour trouver son public? Sale temps pour les oreilles.