Après un premier album torché à la laine de verre, Babyshambles se reprennent en main avec l'aide du producteur Stephen Street (The Smiths, Blur, Kaiser Chiefs, ...) pour une oeuvre pop plus constante dans l'effet, maîtrisée et propre sur elle, se permettant même des choeurs aériens et sans accroc sur le premier single
Delivery paru le 17 septembre.
Le tri a cette fois été fait.
Shotter's Nation est truffé de petites chansons sans prétention dont Doherty est maintenant passé maître. Soulagé aussi bien de titres irritants (pourquoi bon sang cet ignoble
Pentonville en milieu de
Down In Albion ?) que de tubes démesurés Ã
La Belle Et La Bête et autres
Sticks & Stones, le nouvel effort se révèle sympathique au gré des écoutes sans pour autant créer l'euphorie fanatique qu'il – ou plutôt que Doherty – suscitera immanquablement. La faute à un dealer qui, plutôt que de rassembler sa centaine de titres – entre les nombreuses démos qui traînent sur le net et les b-sides que le groupe a pu réaliser, il y a vraiment de quoi faire un excellent album –, ne distille son anti-songwriting qu'au compte-goutte.
Sur douze titres, l'ex-Libertines est capable du meilleur comme du pire. En veine, les deux premiers
Carry On Up The Morning et
Delivery retrouvent l'immédiateté d'un
Fuck Forever quand le dernier,
The Lost Art Of Murder et sa guitare dépouillée, fait appel à Bert Jansch pour un exquis final acoustique. D'autres, plus étonnants, prouvent la volonté du groupe à se renouveler comme la démo
There She Goes réenregistrée façon ska jazzy du
I Wish de l
'EP
The Blinding et le blues psyché de
Crumb Begging arborant un orgue emprunté aux
Stranglers le laissent penser.
D'autres encore, malheureusement, ne font pas le poids et amoindrissent l'impact qu'aurait pu avoir l'album, Ã l'image des plus classiques
UnBilo Titled et
Deft Left Hand. Car après tout, que le groupe plagie
The Kinks ou
The Jam, soit ; il faut bien puiser son inspiration quelque part et le rock des années 60/70 est un véritable puit sans fin. Mais qu'il rabâche ses propres mélodies, il y a tout de même des limites à ne pas dépasser. Doherty ne se gêne pourtant pas et reprend sur le dispensable
UnStookie Titled le pont de
Fuck Forever, sabotant quelque peu le plaisir pris à l'écoute de ce
Shotter's Nation.
Le meilleur album des Babyshambles demeure donc au final
Stookie + Jim Bumfest Demos, en attendant l'album solo d'un Pete qui, espérons-le, parviendra à se contenir et accoucher de chansons aussi instinctives que ses démos. On ne demande que ça ...