Future Of The Left

Après une poignée de singles peu convaincants, disséminés sur de longs mois et ayant plus valeur de coups d’essai que de coups de maître, Future Of The Left consent enfin à faire paraître son premier album, ou plutôt une manière d’intégrale discographique de leurs productions des deux dernières années. Ainsi serons-nous à même de déterminer si la formation, accueillant en son sein des transfuges du groupe mythique McLusky, a fini par trouver ses marques et digérer ses influences passées tout en se forgeant une identité nouvelle.

Dès l’introduction, nos craintes commencent à se dissiper lorsque la production très électrique et lourde, conférant une rigueur nouvelle à la mélodie, sans que celle-ci ne perde son caractère débridé, entre en action. Pour preuve, The Lord Hates A Coward et Plague Of Onces qui témoignent déjà du gain en maturité du combo à la fois de par une bien meilleure construction et une plus grande justesse de ton. Et l’on ne peut s’empêcher d’effectuer un parallèle avec les écossais d’Alamos ou encore, il y a bien plus longtemps, les irlandais de Therapy ?, deux formations qui ont su faire évoluer leur son depuis un rock plutôt expérimental et cacophonique, voire imprévisible à la manière d’un Shellac, vers un rock musclé et cohérent, sans pour autant perdre son âme inventive.

Fuck The Countryside Alliance et Small Bones Small Bodies, sans véritablement apporter une coloration différente à un album qui manifeste, paradoxalement, une grande homogénéité, explorent des directions et des univers plus déjantés et psychédéliques, un peu à l’image de l’album très conceptuel et controversé des Wildhearts, Endless, Nameless, à la toute fin des années quatre-vingt-dix. Si la musique de Future Of The Left s’éloigne définitivement du précipice du chaos et n’évolue plus sur le fil du rasoir, l’album finit par donner quelques signes d’essoufflement, avec Real Men Hunt In Packs ou The Contrarian, cela paraissant essentiellement dû à la répétition des harmonies torturées et aux accents parfois légèrement hystériques du chanteur. Mais on retiendra surtout les gros progrès accomplis par la formation, ainsi que le bénéfice substantiel en maturité et rigueur.

Désormais, on s’interroge moins sur le futur de la gauche, laquelle semble avoir acquis un certain équilibre. Il leur reste peut-être à insuffler ou distiller un peu plus de variété dans les mélodies et à explorer des contrées musicales un tantinet plus expérimentales et nouvelles.