My Device

Tout le pari pour les groupes équilibristes qui évoluent sur le fil du rasoir très tranchant du rock, entre les gouffres du hardcore et ceux du rock déglingué, consiste à réussir à donner du sens au chaos. C’est un défi ambitieux et risqué que le second album du trio My Device va tenter de relever un peu plus d’un an après le tumultueux et efficace Nervous System.

Dès les premières mesures de l’entrée en matière de l’album Jumbo Fiasco, le ton est donné et la course à la défonce tous azimuts est lancée. En effet, leur univers musical balaye les contrées les plus tumultueuses du rock indépendant depuis l’obsessionnel et percutant Fixxa Uppa, et son sublime refrain quasi hystérique qui n’est pas sans évoquer le Psycho Killer des Talking Heads, jusqu’aux plus structurés et conventionnels The Bad Boy Of Mockingbird Heighs ou encore Fountain Of Youth, à deux doigts de pouvoir figurer, du point de vue de la musique, dans le répertoire de Biffy Clyro.

Ainsi n’ont de cesse de se côtoyer dans une furie sonore, faite de changements de rythme incessants et d’un foisonnement d’embryons de mélodies, des compositions aux accords tantôt oppressants et vaguement rétro, à l’image de Life Is A Blast, dont l’introduction est même réminiscente du gothique flamboyant des années quatre-vingts, tantôt effroyablement implacables et torturés, à l’instar d’un Show Mer The Ropes plutôt MLcLuskien. Sans omettre la facette rock musclé très classique, vaguement mâtiné de hardcore, à la manière des irlandais de Therapy ?, avec Slamming Doors.

Force est de constater que le second opus de My Device, bien loin de constituer un fiasco, remporte son pari haut la main, parvenant même, sur certains morceaux comme Burn, Burn, Burn, Etc. et That Girl Don’t Got No Shoes On, à rendre le chaos sublime.