Enter Shikari

Huit bons mois après la semi-déception de leur premier opus, intitulé Take To The Skies, lequel avait pourtant été précédé par une poignée de singles de très bonne facture, à l’image du parfait Anything Can Happen In The Next Half Hour, les Enter Shikari poursuivent l’exploitation le filon avant que la mode ne passe, conscient du caractère éphémère du succès dans le rock d’outre-Manche.

Ainsi nous proposent-t-ils une sorte de mini album hybride où on retrouve pêle-mêle des faces B de singles, des versions remixées, ou bien démo, voire encore des sessions radio. Outre le fait que l’absence de tout morceau inédit nous fait nous interroger sur le bien fondé de pondre une telle galette, si ce n’est dans l’optique de tenter d’entretenir la flamme auprès des fans ainsi que de les faire patienter et les fidéliser, de peur qu’ils ne se laissent séduire par les nouvelles coqueluches du moment, les dix titres proposés ne présentent que bien peu d’intérêt au plan purement musical.

En effet, depuis les brûlots, incandescents, certes, mais qui reprennent, sans y instiller une once de fantaisie, les ingrédients qui caractérisent le son mi-black métal, mi-hardcore d’Enter Shikari, à l’instar de Kickin’ Back On The Surface Of Your Cheek, jusqu’à l’interprétation transparente d’un titre déjà relativement convenu et monotone (Adieu) par Routron 5000, The Zone porte bien son nom à connotation légèrement péjorative en français, en s’enlisant dans une bouillie putride, pathétique et de la dernière indigestion, à la lisière de l’indigence.

C’est la raison pour laquelle nous ne ferons preuve d’aucune indulgence, nous bornant à relever l’ironie de la situation. En effet, si Enter Shikari faisait office de révélation à l’aube de l’année 2007, à l’époque de sa véritable explosion médiatique, la formation, qui est loin d’avoir toujours le vent en poupe, figure désormais, au seuil de la suivante, parmi les groupes les moins indispensables de la planète rock britannique. Et on est à deux doigts de lancer une pétition pour lutter contre le syndrome vénal Linkin Park aussi connu sous le nom de "foutage de gueule".