Colin MacIntyre

Après une carrière à la tête de Mull Historical Society assortie de trois albums, Colin MacIntyre sort son premier album sous son propre nom. Ce qui frappe d’entrée dès les premières écoutes, c’est la capacité de Colin MacIntyre d'attirer l’attention. On remarque rapidement que l’Ecossais a voulu prendre de nombreux chemins, de nombreuses options pour ce disque. Parfois à défaut de la cohérence globale.

MacIntyre déroule ainsi un panel très touche-à-tout d’un pop-rock dont il semble clairement épris. Les instrumentalisations sont bien définies selon les genres, les arrangements effectués en conséquence. Ainsi, The Water fait s’interpoler des ballades folky, des explosions pop, des aventures rockeuses, le tout suivant un même rythme, ni trop lent, ni trop rapide. La mise en bouche est plaisante, voire même séduisante. You’re A Star débute sur les chapeaux de roues, avec une atmosphère pop enivrante, attachante, rappelant les structures musicales des chansons les plus entraînantes des Polyphonic Spree.

Malgré ce bon début, il s’agit là également de l’entrée au grand jeu de miroirs que nous propose The Water, tant les comparaisons viennent (trop) naturellement. La chanson éponyme The Water renvoie aux Decemberists ; I Have Been Burned a des allures de U2 ; I Can I Will sonne comme du Damien Rice ; le début de I Don't Have To Ask rappelle Radiohead… Malgré les efforts certains de MacIntyre, les structures de ses chansons ne varient que trop peu, menant fatalement à une ritournelle déjà bien trop accomplie. Les rythmes s’entrechoquent sans étincelles, les musicalités des différents genres de la pop-rock que MacIntyre propose ne parviennent pas à faire créer une atmosphère véritablement identifiable et propre.

Ce manque de parti pris révèle ainsi les limites de The Water. A piller dans trop de genres sans jamais parvenir à les exploiter, il en résulte un album trop lisse, probablement trop passe-partout, et qui manque surtout d’éclat. Les chansons se laissent écouter facilement, nous charment parfois par leur simplicité et leur empoignade de prime abord, mais elles ne se révèlent finalement que trop peu du potentiel de Colin MacIntyre. Le manque de parti pris donc, mais également le manque de risques pris avec des chansons parfois trop conventionnelles (Stalker) ou bien tout simplement de plutôt mauvais goût (Famous For Being Famous). Enfin, le souci principal de Colin MacIntyre est que cette retenue empêche ce lien si important entre l’auditeur et l’artiste, cette connexion invisible mais essentielle, ce contrat moral où l’artiste se livre et où l’auditeur écoute, perçoit. Par ce retrait, il nous empêche de pleinement apprécier l’étendue de son œuvre, laissant la profondeur pour le paraître, la valeur pour la vertu.