Los Campesinos!

Alors qu'on se disait que le rock britannique tournait un peu en rond et qu'on aurait bien besoin d'un bon remontant déluré pour passer l'hiver, le EP Sticking Fingers Into Sockets de Los Campesinos! venait nous conforter dans l'idée que oui oui on tourne effectivement en rond, mais on le fait avec tant d'enthousiasme que ça passe totalement inaperçu.
Sauf qu'à présent on passe à l'étape supérieure, et autant, dissimuler quelques lacunes derrière des éclats de voix à l'unisson et plusieurs couches d'instruments sur une poignée de titres fonctionnait sans peine, autant ce n'est pas en rabâchant les mêmes formules sur douze titres qu'on peut faire passer la folie avant le manque d'inspiration ...

Les divers instruments qui auraient pu faire l'originalité du groupe se voient finalement mixés au reste, xylophone et violon au-dessus des sept voix scandées et des trois guitares criardes pour un beau bordel. Du coup rien ne ressort, tout se perd dans un gloubi-boulga déconfit. Décevant. Deux ou trois chansons de cet acabit auraient été les bienvenues mais une seule, laborieuse et parkinsonienne, de trente-sept minutes gave rapidement.
Quelques pépites sortent fort heureusement du lot, This Is How You Spell... et le crescendo de 2007, The Year Punk Broke (My Heart) tiennent relativement la route, mais le clonage est partout. Les guitares de Drop It Doe Eyes et Death To Los Campesinos! ressemblent beaucoup trop à celles de You! Me! Dancing! tandis que Sweet Dreams, Sweet Cheeks rappellera Don't Tell Me To Do The Math(s) malgré pourtant un final quasi a'capella de grande envolée.

Los Campesinos! possèdent véritablement une configuration et une singularité hors-norme mais ce potentiel n'est hélas pas assez exploité. Par une volonté d'en faire trop, concrétisant à chaque seconde leurs idées tant intéressantes que bancales et redondantes, les septs comparses se prennent les pieds dans leurs compositions à défaut de la tête et ce n'est pas la production qui va leur venir en aide, excessivement polie et propre sur elle.
On se jettera donc à l'avenir plus volontiers sur les précédents EPs du groupe que ce debut album bâclé et, à la longue, indigeste.