Vincent Vincent & The Villains

Le 10 mars c'était mon anniversaire ainsi que celui de Chuck Norris mais au final on s'en fout, les anniversaires ça revient tous les ans. Le plus important ce jour-là, c'était la sortie tant attendue du premier album de Vincent Vincent & the Villains. Enfin !


Un premier single en avril 2004, un second en avril 2005, le troisième en avril 2006 puis le quatrième en octobre la même année, quatre singles en deux ans quand d'autres auraient déjà réalisé deux albums et fait cinq fois la couverture du NME sur la même durée. Leur premier single, On My Own, se voit réédité en octobre 2007 avant que leur sixième et dernier en date ne sorte fin février, deux semaines donc avant la parution de Gospel Bombs.

De Libertines baroques à des Man Man skarifiés, VV&tV jouent la montre – moins de 35 minutes au compteur – tout en déjouant les vastes pièges que peut tendre sournoisement le rock'n'roll pour dès lors imaginer des fantaisies rockabilly et autres comptines punk aux allures de passeport pour le passé, n'importe quel passé car le groupe s'adapte à l'époque, qu'elle soit investie par Elvis ou Chuck Berry ou qu'elle se situe à l'ère préhistorique ou même qu'elle soit complètement inventée par un enfant de huit ans, VV&tV ont été partout, VV&tV sont omniscients. Du coup, c'est plus simple pour créer la musique parfaite.

Mais on a beau se tourner vers le passé, le quatuor n'en oublie pas pour autant de vivre à notre époque, avilissant une pop délurée en rapport non-protégé avec un rock courtisant. La voix sexuelle de Vincent Vincent est contagieuse, infectant chaque coin du cerveau avec une énergie sidérante et des montées et descentes fébriles. Leur style, vilain et batârd, à la fois rebute et attire, arrangé comme le monstre de Frankenstein avec des oreilles de Mickey. Gospel Bombs est suffisamment disloqué et indéfini pour rester longtemps en tête, si ce n'est pas dans les mémoires.

Vincent Vincent & the Villains ont donc bien fait de prendre leur temps car ils présentent là un effort exemplaire, de ceux que l'Angleterre ne fournit hélas qu'au compte-gouttes, de ceux dont on met 4,5 sur 5 alors qu'on aurait voulu mettre 9,5 sur 10. Ça semble insignifiant comme ça mais il suffit d'écouter une fois Gospel Bombs pour s'apercevoir que le groupe est un des plus originaux et extravagants outre-manche de cette année 2008.