The Sleeping Years

Dix ans après les derniers faits d’armes de son précédent projet de coloration très pop, The Catchers, l’Irlandais Dale Grundle nous offre enfin le premier opus de sa nouvelle formation, The Sleeping years. En effet, les dix titres de We’re Becoming Islands One By One font suite à une poignée d’EPs prometteurs distillés au cours des derniers mois.

Si le nom du trio annonce clairement la couleur, celle de la nostalgie et de la complainte tristounette et mollassonne, les harmonies semi acoustiques de l’introduction, Setting Fire To Sleepy Towns, nappées d’une voix aux accents très Brian Molko, qui se déroulent jusqu’au refrain où le chant se fait légèrement plus aigu et nasillard, bref énergique, sans complètement atteindre leur objectif et mettre le feu aux villes endormies, dévoilent un sens inné de la mélodie et une fluidité dans l’exécution technique.

Cela est très rapidement confirmé par les tempos plus rapides de certaines des compositions suivantes, à l’instar de You And Me Against The World, sans que l’interprétation ne perde rien en subtilité, légèreté et dynamisme. En outre, des accents bluesy sont très fréquemment introduits dans les intonations du chant, finalement extrêmement varié, ainsi que dans les accords traînants, voire lancinants, à l’image de The Shape Of Things To Come, où la profondeur du synthé et l’écho de l’effleurement de la guitare nous entraînent dans un univers qui, à défaut d’être original, est très cohérent et réaliste.

Bien que n’offrant qu’un album de facture assez classique, comme le prouvent Dressed For Rain ou Islands, The Sleeping Years réussissent toutefois leur pari en nous transportant et nous dépaysant, et surtout en proposant une véritable identité musicale. Même si, et on peut le déplorer, celle-ci n’est pas trop personnelle ni originale, elle a le mérite d’être riche, intuitive et, par moments, jubilatoire, et n’est-ce pas tout ce que l’on demande d’un album de rock.