Chronique Album
Date de sortie : 17.03.2008
Label : Grönland Records/PIAS France
Rédigé par
Jean-Christophe Gé, le 21 avril 2008
C’est triste à dire, mais cet album m’ennuie profondément. C’est triste, parce que Conrad Lambert est un musicien bourlingueur à l’air sympathique et l’objet est plutôt bien produit. Il obtient d’ailleurs un beau succès critique, mais pas cette fois, pas ici. Ce folk produit comme un album de Depeche Mode multiplie les couches et les effets, ce qui est curieux, voire suspect, pour un album qui a un noyau lo-fi et intimiste. C’est ainsi qu'un titre comme Call Me qui aurait pu être une complainte poignante s’empêtre dans des backing guitars à la Neil Young pour finir au bout de presque 6 minutes en peau de chagrin.
Moi Et Mon Camion est le nom d’une société de déménageurs à qui Conrad et sa femme ont fait appel pour se relocaliser dans différentes villes anglaises (Bath, Britsol, Plymouth). Manifestement, le bonhomme a du mal à savoir où il habite et peut-être ce qu’il veut. Plutôt que faire un travail d’introspection il a décidé de bouger et de s’entourer. Multi-instrumentiste il s’est quand même adjoint les services d’un bassiste qui a travaillé avec Goldfrapp, un batteur de Roni Size et Portishead, et éclusé plusieurs studios dont le real world de Peter Gabriel. Paul Hartnoll, ex-Orbital, a également été mis à contribution. Il faut dire que les deux artistes partagent la même difficulté à enregistrer simplement ce qu’ils peuvent ressentir, c’est peut être une nouvelle forme de la crise de la quarantaine chez les artistes anglais.
Cette quête et cette instabilité se ressentent dans cet album qui manque de fondations, mais qui est tellement cadré qu’il ne montre pas cette fragilité qui pourrait le rendre séduisant. Il ne réussit pas là ou TV personnalities avait joué une pop en pleine dépression ou Beta Band une musique vraiment spatiale.