Delays

Mais que cherchent donc les Delays ? Après avoir produit en 2004 un premier album, Faded Seaside Glamour, de bonne facture, puis échoué lamentablement avec un You See Colours indigeste deux années plus tard, c'est avec Everything's The Rush que le quatuor effectue ses débuts chez Fiction Records. Le disque de trop pour les quatre anglais originaires de Southampton : trop produit, trop orchestré et trop grandiloquent, Everything's The Rush souligne une fois encore les limites d'une formation perdue entre les époques et noyée dans une électro-pop de mauvais goût.

Dernier single en date du groupe, Love Made Visible sonnait déjà l'hiver dernier comme un premier avertissement et voyait le groupe mêler une pop surchargée à des sonorités eurodance au grand dam de nos oreilles malmenées par cette soupe FM. En découvrant le titre d'ouverture de l'opus, Girl's On Fire, l'auditeur comprend immédiatement quelle va être sa sentence durant un peu plus de quarante-cinq minutes. Non content de devoir subir un Greg Gilbert aux intonations et pirouettes vocales de moins en moins supportables, celui-ci se voit bombardé par un escadron de supposés hymnes que le groupe se voyait peut-être un peu trop tôt distiller dans les arenas des quatre coins du pays.
Le schéma se répète inlassablement à grand renfort de samples électroniques, de claviers acidulés et démultipliés, mais aussi d'orchestrations grossières, pompeuses et inutiles... une véritable insulte aux instruments à cordes et à la manière dont les artistes les plus doués parviennent à les exploiter avec légèreté et savoir-faire. Si l'on excepte le risible Touch Down, le meilleur (ou pire) exemple de ce naufrage musical est sans conteste un Pieces sans fin et probablement composé pour tirer une larme aux jeunes filles en fleur lors de prestations live que l'on imagine déjà mémorables.
Pis, sur Friends Are False, la performance du groupe ressemble à s'y méprendre à une pâle copie de Muse que l'on imagine aisément être un modèle pour les Delays, la différence fondamentale entre les deux formations résidant au final dans la capacité de la formation de Matthew Bellamy à ne jamais dépasser les bornes et à conserver, le plus souvent, un pieds dans le domaine du bon goût lorsque le second est embourbé dans une soupe mainstream rebutante.

Seul et unique rayon de soleil de l'album, Jet Lag représente ainsi ce que la musique des Delays n'aurait jamais dû cesser d'être : une pop légère et sucrée.