The Zutons

Après nous avoir conquis au début de l'été 2004 avec leurs Pressure Point, You Will You Won't ou autres Havana Gang Brawl, puis déçu deux années plus tard avec un Tired Of Hangin' Around en demi-teinte, The Zutons célèbrent leur retour avec un nouvel opus, You Can Do Anything, apaisé et visiblement fortement marqué par le départ du guitariste Boyan Chowdhury.

Longtemps considérés comme l'une des formations de Liverpool les plus aptes à écrire des hymnes pop avec un jeu de guitare précis et entrainant et une saxophoniste, Abi Harding, tout aussi omniprésente qu'envoûtante, The Zutons semblent désormais avoir changé leur fusil d'épaule pour suivre une direction quelque peu surprenante. A l'exception de Harder And Harder ou du très efficace single Always Right Behind You que certains n'hésiteront pas à qualifier de répétitif et irritant, les douze nouvelles compositions présentées par les anglais ne semblent plus à même de provoquer chez l'auditeur la même euphorie, les chansons se révélant moins tranchantes et riches musicalement parlant que par le passé.
Si le chant de Dave McCabe est tout aussi impeccable qu'au premier jour, et si l'influence soul des dernières décennies demeure évidente, le manque d'ambition de l'ensemble du groupe semble directement lié à la déception que constitue ce troisième album. Alors que le choix de s'expatrier à Los Angeles avec le producteur George Drakoulias (Primal Scream, Tom Petty, The Black Crowes...) aurait pu être synonyme d'une nouvelle dynamique, l'effet inverse semble avoir touché de plein fouet les Zutons. Trop peu nombreuses sont en effet les compositions dénuées d'âme ou d'intérêt, quand bien même le style caractéristique de la formation, l'énergie en moins, est bel et bien toujours palpable.
De manière étonnante, Abi Harding semble également avoir pris un certain recul sur le disque, son apport au saxophone étant le plus souvent trop discret et dispensable pour véritablement apporter un supplément d'âme aux chansons. Et ce n'est pas une expérience vocale ratée sur un You Could Make the Four Walls Cry rapidement oublié qui ne saurait nous consoler de ce choix artistique pour le moins déroutant dont la conséquence principale est la perte d'une identité artistique bien ancrée dans les mémoires depuis deux albums déjà.

En dehors d'une poignée de titres agréables, la plupart des compositions de ce nouvel album des Zutons se révèlent d'un intérêt limité après quelques écoutes seulement. Une nouvelle déception pour un groupe en manque évident d'inspiration...