Captain Phoenix

Revendiquant un patronyme aux consonances coincées entre références aux superhéros des années cinquante et blues rock déjanté des années soixante-dix et comptant en son sein au poste de chanteur un jeune frère du batteur de Razorlight, ce nouveau venu plutôt discret sur la scène anglaise jette, après la sortie confidentielle de quatre singles ces derniers mois, les premiers véritables jalons en faisant paraître un opus au titre prometteur car évoquant des thèmes universels, Life.Temper.Riot.

Ainsi alléchés par les références à la vie, le caractère et l’émeute, nous plongeons dans l’écoute des douze titres qui le composent non sans une certaine curiosité. Les deux premières compositions, lesquelles figurant au nombre des singles délivrés avant l’album, Stand By et Pistols And Hearts, à la fois percutantes, entraînantes et de coloration pop sans jamais verser dans la guimauve ni la ouate, évoluent dans un registre, certes éculé et convenu, mais n’en sont pas moins exécutées avec efficacité et rigueur.

Las, les bluettes suivantes, sans véritable exception à part peut-être le tout premier single de la formation, Living On The Guestlist, lorgnant résolument du côté de The Rifles, l’intensité, l’authenticité et la profondeur de l’atmosphère en moins, font très vite la démonstration de l’incapacité de Captain Phoenix à tenir la distance. En effet, depuis le monotone et poussif Blackheath totalement dénué d’âme, jusqu’à la tentative rock’n’roll ratée et presque pathétique de Baby’s Back, le quatuor nous fait sombrer dans l’ennui, pêchant par un manque cruel d’inspiration. Il en résulte un album qui fleure un peu le remplissage et le cliché et où on s’enlise un peu plus à chaque composition, malgré la multiplication des tentatives désespérées, comme sur Loneliness, dont le soufflet retombe très vite après un début prometteur.

Il en résulte douze titres au final bien peu convaincants que Captain Phoenix devra effacer rapidement des mémoires s’il ne veut pas sombrer dans l’oubli d’ici à une poignée de semaines. Et espérons qu’à l’occasion du second album, lequel pourrait rectifier les erreurs de son prédécesseur, le Phoenix renaisse de ses cendres pour nous proposer un univers moins prévisible, bref, une vraie identité où l’interprétation serait plus personnelle et les morceaux d’une construction plus inventive. Mais que la formation prenne garde car s’ils bénéficient d’une seconde chance, ce sera assurément la dernière dans le microcosme impitoyable du rock indépendant britannique.