Glissando

Constitué de deux membres uniquement, le navire Glissando a malgré tout frôlé un naufrage définitif l'année passée lors de fin de la relation personnelle liant Elly May Irving à Richard Knox. Une remise en question plus tard, voici le duo de nouveau prêt à en découdre musicalement et à proposer avec With Our Arms Wide Open We March Towards the Burning Sea, un véritable premier essai après la parution de l'inégale compilation Loves Are Like Empires l'été dernier.

Les deux anglais reprennent leur histoire là où ils l'avaient laissée quelque mois auparavant, suivant toujours une voie très nettement expérimentale ou des structures plus ou moins complexes mais toujours très sombres et vaporeuses constituent l'épine dorsale de la plupart de leurs compositions. On n'hésitera pas ainsi à comparer ce nouvel album à Mogwai ou Slint pour les effets progressifs, Godspeed You! Black Emperor pour l'apport des très nombreuses orchestrations, Sigur Ros pour la beauté dégagée par les atmosphères ou encore les américains de Gregor Samsa à travers un minimalisme toujours plus marqué. Autant de rapprochements ou ressemblances naissant des multiples écoutes de ces neuf nouveaux titres à l'inspiration et l'intérêt variable. En effet, de par l'essence même de leurs chansons, Glissando semblent destinés à se parodier sans vraiment le vouloir ni pouvoir contrôler cet aspect de leur musique.
Si quelques incursions vocales sont à noter, à l'image de Dave Martin (iLikETRAiNS) sur Grekken ou Tom Morris (Her Name Is Calla) sur le formidable et intense Flood, ou plus simplement instrumentales, Elly May Irving et Richard Knox marquent profondément chacune de leurs compositions. Base incontestable de leur musique, le piano et le chant féminin semblent être les seules véritables constantes, les quelques variations se traduisant au second plan par la superposition de chœurs, nappes de claviers ou cuivres. D'une durée d'approximativement soixante-dix minutes, With Our Arms Wide Open We March Towards the Burning Sea brille tout autant à travers de vraies et belles réussites (Flood, Grekken, Always The Storm) que quelques ratés ennuyeux et dispensables (Like Everything You See, Our Flags Wave and Our Arms Are Around Another's Shoulders...). Une alternance entre le positif et le négatif presque parfaitement combinée mais nuisible à l'ensemble de l'album au final.

Pêchant par un manque de rythme et un son parfois trop dépouillé, ce premier album de Glissando n'est pas la réussite complète que le groupe pourrait, et devrait, aspirer à construire. Prometteur, certes, mais trop peu abouti...