The Beep Seals

Ce quintette de Manchester ne manque pas de talent, mais il manque cruellement de conviction. Cela fait donc un disque tout à fait écoutable et même assez plaisant, en fond sonore, pendant les vacances ou pour danser dans un festival; mais aussi tout à fait oubliable et jetable, voire énervant. C'est tout de même lassant, tous ces petits anglais qui cherchent la gloire dans l'imitation des choses à la mode, mais qui n'ont rien à dire et finissent par confronter l'oreille un peu aguerrie à un vide esthétique assez désespérant.

Venons-en aux faits. Things That Roar mélange une pop psychédélique à des moments rock sixties, qui justifient le titre de l'album: c'est violent, c'est méchant, comme un ado de Neuilly avec un T-Shirt Sonic Youth. Grrr. Alors qu'il y a matière à citer les Beatles et les Shins, les Stooges et Black Rebel Motorcycle Club, toutes ces bonnes pistes ne débouchent sur rien tant elles ne sont portées que par une platitude poussive. Les paroles ineptes de She Sells She Sells, dignes d'une parodie de boys band français des années 90 (souviens-toi...) pourraient être drôles, mais il y manque le second degré, l'ironie, la tendresse des titres yéyé des Beatles. Et quand on nous parle d'amour (c'est un album estival, après tout), la sensation d'être face à une machine à réciter des vers casse un peu l'ambiance romantique...

Il semble finalement que, pour les Beep Seals, la mise en scène de soi soit plus importante que la musique elle-même. Il faut faire groupe à succès, faire groupe de festival, faire groupe jeune romantique. Alors, pour bien enfoncer le clou, on rajoute un fond sonore derrière la musique, qui donne des indications dignes des didascalies les plus inutiles, car trop évidentes. Ainsi dans Join Me On My Cloud, jolie ballade, on nous met des chants d'oiseaux: c'est une ballade type je suis dans la nature avec ma copine et je tâte la gratte pour lui faire plaisir. Tu as compris maintenant? Et la chanson titre Things That Roar reprend le même concept, avec des criquets cette fois. Mais l'exemple le plus frappant est Such A Bloody Pain: le swingue est entraînant, de lui-même, et fait sans problème une bonne chanson; mais on nous rajoute du bruit de saloon et des choeurs alcooliques, comme si la musique était incapable de planter d'elle-même un décor.

Que ces jeunes gens se rappellent donc que lorsqu'on chante avec du coeur, cela devrait se suffire à soi-même; et qu'ils y travaillent, au coeur. Car, après tout, ils savent déjà se servir d'une guitare, ce qui n'est déjà pas mal.