Applicants

Life In The Bus Lane, première odyssée musicale des exubérants Applicants, voit le jour une petite année seulement après l’irruption dans la nébuleuse somnolente du rock britannique de leurs deux premiers singles dévastateurs et novateurs, Crappuccino ! et Hypochondriac Ceux-ci se présentaient sans concessions et dans la lignée, pour le premier, d’un Atari Teenage Riot électro-punkoïde un tantinet pompeux et un soupçon déjanté mais flirtant toujours avec le second degré, et dans la filiation, pour le second, d’un Duran Duran sous hélium, dont la bande originale de film d’espionnage aurait été revisitée par un Prince azimuté.

Bref, d’un bout à l’autre de la galette hallucinogène, on assiste à une alternance de chansons très courtes et urgentes avec d’autres d’un format plus classique sans que les mélodies soient plus conventionnelles et moins débridées pour autant. En outre, nous offre-t-on une extrême variété du point de vue des styles. En effet, on oscille, à deux doigts du vertige, entre les rapides et enlevés Pocket Dictionnary et Gameshow, et leur petit côté corporate rock à la Bis, et les plus expérimentaux, minimalistes et brouillons Pigbag ou encore History Has Been Kind To Spike Milligan, sortes d’ovnis moyennement digestes.

Si Applicants témoignent souvent d’une grande fraîcheur et d’une réelle spontanéité dans leurs bluettes déjantées et parfois volontairement déstructurées, ils n’en possèdent pas moins les défauts de leurs qualités, manquant singulièrement d’homogénéité et de véritable identité musicale. A l’évidence, la formation, en tentant des expériences musicales, certes intéressantes et inédites, comme dans Enjoy Your Pizza, mais tous azimuts et sans réelles stratégie ni cohérence, se cherche toujours, mais cela est-il bien surprenant de la part d’un combo qui forge tout juste ses premières armes ?