Kingsize

On ne reprochera jamais à un jeune groupe de faire de la musique qu’ils aiment. On peut leur reprocher en revanche le manque d’ambition, le singeage intempestif de leurs modèles, le côté poussif d’une volonté de s’affirmer lorsque l’on n’a rien à montrer. On ne peut toujours innover, mais on peut aller de l’avant, donner ce que l’on a, même si l’on sait pertinemment que ce ne sera probablement pas assez. Mais le prix de l’effort prévaut sur le gain de la complaisance, non ?

Kingsize n’est pas le grand groupe de l’année, ni même de ce mois. Peut-être le meilleur de quelques jours où la recherche se limite à de bons riffs et une impétuosité défoulante. Tant bien même, à l’écoute de leur premier album Love, Lust And Other Disasters, nous le savons, eux le savent aussi, que leur potentiel est déjà limité. Cependant, ce qui charme chez Kingsize est à la fois cette conscience même de leurs capacités, et leur volonté d’en faire le meilleur usage possible. Les mélodies parfois un peu brouillonnes et l’absence de production forte, contrebalancent parfaitement avec la grande dévotion dont ils font part au sein de la dizaine de chansons de ce premier album.

Fortement inspirés par la pop-rock des années 60, on retrouve les poncifs d’un genre que la nouvelle génération anglaise post-Libertines s’est tant plue à faire revivre. On retrouve donc de nombreux terreaux communs à la musique de leurs contemporains comme Razorlight (l’excellente Amsterdam), les Good Shoes (Temptress) ou encore Cajun Dance Party (la brusque et rythmée The Daze). Cependant, on a parfois l’impression que la musique de Kingsize se cherche, hésitant entre les filiations anglaises et américaines, entre les Clash et R.E.M., s’inspirant et expérimentant, au risque de ne voir qu’à la fin ce que cela peut bien donner. On retrouve même ainsi une formidablement inspirée Girl, simple et digne, à la belle naïveté anglaise, à la mélodie légère et à la construction imparable.

Alors, pour sûr, Kingsize ne sera pas le plus grand groupe de l’année, ni même de ce mois. Mais leur énergie et leur dévotion à leur musique mérite bien de nommer ce Love, Lust And Other Disasters meilleur album d’un jour, non ? Un jour où l’on n’aura pas écouté de Kinks, évidemment.