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Razorlight

Slipway Fires

Razorlight - Slipway Fires
Chronique Album
Date de sortie : 03.11.2008
Label : Mercury
35
Rédigé par Laurie, le 11 novembre 2008
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Aux antipodes de l'univers de ses deux prédécesseurs, le nouvel album de Razorlight donne le ton : grave et mélancolique. Un seul détail, là où le mouchoir et la verveine prennent tout le champ d'action chez Travis, Arcade Fire, Coldplay et consorts, Johnny Borell, lui, vous jette son stylo en pleine gueule sans aucun scrupule, et crée un album ; l'album de cette foutue fin d'année 2008, à écouter entre République et Iena, à pied, en voiture, quand ça va, quand ça ne va plus, quand il est parti, quand elle a failli revenir, et toutes ces situations hérissant le poil et fichant la gerbe, qui mérite la bande-son appropriée.

Depuis quelque temps, chaque matin, vous pouviez entendre une radio aux revendications clairement pop-rock (ce qui, d'ailleurs, prouve si on écoute la station en question, à quel point le terme « pop-rock » s'est vulgarisé pour remplacer finalement « variété »), annoncer le retour du groupe « que vous avez découvert avec « America ». Hum... Mme Tartempion, à l'aise dans sa Smart, fraîchement pomponnée, venant de déposer la marmaille à son cour de tennis et en route vers le salon de Zouari se reconnaîtra certainement. La mère Tartempion a beaucoup aimé faire voltiger son brushing sur America, découvrant ainsi, que le rock c'est aussi chouette que du Vincent Delerm. Voilà pour elle. Quant à vous, c'est bien autre chose. Ce n'est pas pareil. Le train Razorlight vous l'aviez choppé fin 2004 ou début 2005, au plus tard. Rappelez-vous, vous passiez à la Fnac, rayon « indé ». Vous vouliez du neuf, du nouveau. En quête du disque parfait, de la bonne trouvaille, idéale sur laquelle vous pourriez même écrire quelques lignes, histoire de vous faire la main. Vous vous étiez arrêté sur la pochette. En passant très rapidement devant elle, vous aviez pensé, d'ailleurs vous ne savez aujourd'hui toujours pas pourquoi, à Scary Monsters de Bowie. Pourtant, ni portrait, ni croquis, ici, mais un florilège de couleurs chaudes, rousses, de formes cubiques, bref, un charmant bordel qui vous avez interpellé. Vous passiez à la caisse, et c'est à peine sorti du magasin que vous enfourniez la galette dans ce bon vieux discman Sony. Vous vous rappelez de cette sensation. Un riff chatouilleux, très Libertines mais pas aussi brouillon. Une meilleure voix et des titres mélodiques. Vous aviez utilisé la touche « repeat » sur Golden Touch (l'une des meilleures chansons du monde), et les progressions lentes et démesurées de In The City vous avaient submergé d'une joie de vivre inexplicable. L'alternative au duo Barât/Doherty était dorénavant toute trouvée.

Aujourd'hui vous ne regrettez pas. Doherty papillonne avec ses Babyshambles, Barât s'apprête à faire les derniers concerts de ses Dirty Pretty Things, tandis que Razorlight résiste et revient dans votre vie inlassablement, sur cette foutue radio, à l'affiche d'un festival, au détour d'un bar parisien où Johnny Borell se met une mine pas possible, etc, etc...

Slipway Fires est un magnifique album. Une collection de chansons épurées, toutes en piano (The House), de riffs lourds et boogy façon Abbey Road (Stinger). Le premier morceau, Wire To Wire, vous expliquera tout de suite où on veut en venir : l'heure n'est pas à la fête mais à l'explication de textes, une ode à l'amour qui ne fonctionne pas, aux situations les plus chaotiques mises en sons par tout le talent du producteur Mike Crossey (The Kooks, Foals). Plus solennel que les deux autres, Slipway Fires évite l'écueil du larmoyant, flirte avec le rock de stade mais rattrape le tire assez vite avec des guitares fougueuses. Une réussite à vite aller voir en live.
tracklisting
    1. Wire to Wire
  • 2. Hostage of Love
  • 3. You and the Rest
  • 4. Tabloid Lover
  • 5. North London Trash
  • 6. 60 Thompson
  • 7. Stinger
  • 8. Burberry Blue Eyes
  • 9. Blood for Wild Blood
  • 10. Monster Boots
  • 11. The House
titres conseillés
    Wire to Wire, Stinger
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