Threatmantics

Grupe hybride et réellement marginal, Threatmantics joue de la musique qui l’est presque tout autant. Pas de révolutions, mais pas de suivi non plus. Non, le trio gallo-anglais est atypique dans son genre. Composé des deux frangins Davies, Heddwyn et Huw, originaire du sud du Pays de Galles et de Ceri Mitchell de l’est de l’Angleterre, le groupe ne suit déjà pas les rudiments des rôles à tenir. Le frontman, Heddwyn, est donc le chanteur, ainsi que le violoniste, tandis que son frère est à la fois à la batterie et au clavier. Seul Ceri se cantonne à son seul rôle à la guitare. Déjà auteur de deux EP, les Threatmantics sortent ainsi leur premier album Upbeat Love en cette fin d’année 2008.

A la fois profondément ancrés dans une culture bicéphale divaguant entre culture celtique et rock garage - l’une prenant ponctuellement le pas sur l’autre et inversement – les chansons de ce premier album dénote surtout une réelle authenticité de la démarche musicale du trio. Marginal, cependant original, Upbeat Love est un recueil sans enrobages ; brut, fort et véritable. Certaines compositions pâtissent néanmoins parfois de ce côté brusque et abrupt que révèlent une production minimale. Lorgnant plus vers les Pogues que vers les Waterboys, cet univers très particulier manque ainsi de temps à autre de profondeur, mais ne manque décidemment pas d’idées.

Si l’on ne se laisse pas tellement entraînés sur le blues mélodique de High Waister ou de Buried Alive, on est revanche beaucoup plus enthousiasmés sur des flamboyantes envolées garages que sont Big Man ou James Lemain qui sonnent comme ce que aurait du être les Von Bondies aujourd’hui. On reste surtout assez admiratifs face à cette ambiance sombre et moite qu’ont instauré les Threatmantics tout le long de ce Upbeat Love. Une atmosphère suintante et terriblement ancré dans une réalité peu reluisante, mais dont éclatent d’éblouissants coups de tonnerre qu’assènnent le trio. Que ce soit l’épique Get Outta Town ou la chronique lad Don’t Care qui ferait croire avec talent à un Tom Waits british.

Rempli au culot d’un univers à la fois audacieux et véritable, le garage-blues d’Upbeat Love est un album à la nature primitive, probablement sans éthique, si ce n’est celle de l’intégrité. Capables de mélodies et de montées rythmiques passionnantes, les Threatmantics sont avec Noah And The Whale, les nouveaux prosélytistes du violon dans la musique pop anglaise contemporaine. Que le plus grand nombre puissent-ils écouter leurs fougueuses paroles.