Clinic

Déjà l’heure du quatrième album pour Clinic, étrange groupe anglais (jouant sur scène habillés en médecins !) crée en 1997 mélangeant allègrement des éléments pop-rock avec toutes sortes d’influences (allant de la musique électronique sous toutes ses formes à des instruments folk des plus traditionnels). Pas de révolution sonore à l’écoute de ce Winchester Cathedral qui reste dans la lignée des albums précédents tout en adoptant un son un plus chaleureux et peut-être moins glacial que par le passé.

Ca commence très (trop ?) fort avec Country Mile et son intro absolument mortelle (dans tous les sens du terme !) : ambiance de passage de la vie à une mort finalement illuminée de paillettes et démarrage d’un riff de guitare impeccable d’efficacité : cette chanson géniale permet de découvrir rapidement l’ambiance de ce nouvel album qui sera plus acoustique et chaleureuse (les différents bruitages de ce premier morceau rendent particulièrement bien dans un style de western futuriste).
Fidèle à l’image que l’on a de la musique de Clinic (quelques fois un peu trop répétitive), Circle Of Fifths répète quasiment la même formule avec intro au piano cette fois mais l’arrivée d’une ligne de guitare électrique particulièrement simpliste fait particulièrement bien son effet. Toujours ce même son de clavier étrange pour la calme et très réussie Anne qui conforte également l’auditeur sur la volonté prononcée de Clinic de poser une ambiance particulière sur chaque album (et puis de s’y tenir au détriment de la diversité).

Les ennuis commencent avec The Magician (bizarrement le premier single choisit) et son intro qui fait franchement sourire dans un style celtique new-age pas très heureux (on dirait presque du Dionysos joué au ralenti). Problème aussi concernant la rythmique (exactement la même depuis le début de l’album) qui semble se limiter à une grosse caisse synthétique et à quelques touches de charleston, de cymbales ou de percussions par ci, par là : du coup, la chanson est loin d’être inécoutable mais, comme beaucoup d’autres sur la suite de ce disque, elle n’apporte finalement pas grand chose par rapport au (parfait) premier titre.
La suite de l’album s’avère donc agréable à l’écoute mais franchement trop répétitive pour passionner les foules : Vertical Takeoff est un instrumental dans la lignée du single précédent en plus calme qui passe assez bien. Par contre, les ressemblances entre les morceaux deviennent vraiment gênantes et ennuyeuses lorsque The Majestic et Thank You "copie-collent" toutes les deux le (seul) riff guitare de la première chanson en plus lent. Même constat pour l’instrumental Fingers qui reprend à un autre tempo quasiment la même intro au piano que celle de Circle Of Fifths.
Certes, les quatre de Clinic installent l’ambiance de cet album en balisant le terrain pour l’auditeur mais à trop répéter les mêmes sons et les mêmes rythmiques, ils finissent par lasser quelque peu les oreilles avides de découvertes…

Heureusement quelques bonnes surprises apparaissent quand même en court d’écoute de ce Winchester Cathedral comme la ballade hors du temps Falstaff, le puissant rock (enfin) débridé de WDYYB ou la mignonne August et son ambiance particulièrement prenante. On peut également se laisser envoûter par Home et trouver finalement que Clinic arrive plus facilement à laisser exprimer son art dans des chansons aux tempos relativement lents…

Pas vraiment surprenant quand on connaît leur style, ce Winchester Cathedral plaira donc certainement à tous ceux qui ont appréciés les précédents opus de Clinic puisqu’il propose encore un monde à part entière avec ce disque qui prend le temps d’installer une ambiance et une couleur assez réussie de western moderne.
Par contre, comme un revers de médaille, cette volonté prononcée de jouer exactement sur les mêmes sonorités tout au long d’un album peut légitimement ennuyer sur la longueur le non-initié et donner à ce Winchester Cathedral des airs de disque tournant en rond à la recherche d’une flamme d’inspiration nouvelle.
Les fans peuvent donc se jeter sur ce nouvel album les yeux fermés quand aux autres, quelques écoutes d’un ou deux titres avant achat s’avèrent fortement préconisées…