Ed Harcourt

Dire que cette année 2004 n'a pas compté de grands albums de songwriters serait un oephémisme. Beaucoup se sont résignés à attendre l'album posthume du grand Elliott Smith. Et pourtant, Strangers sort ce mois-ci, et il fait partie de ces albums qui semble venir d'ailleurs. Impossible pour moi de comparer avec le passé d'Ed Harcourt, cette album est celui avec lequel je découvre ses oeuvres. Et quelle découverte...

L'album démarre en trombe, une guitare agressive ést le point de départ de The Storm Is Coming, introduisant le style de Ed Harcourt. Piano omni-présent, voix somptueuse, et surtout une sorte de joyeuse mélancolie, venant d'on-ne-sais-où, et qui nous plongent directement dans la musique, nous laissant incapable de faire quoi que ce soit d'autre que d'écouter et d'être subjugué. Le refrain entêtant de ce premier morceau: The Storm is coming, it's gonna make a beautiful sound, semble décrire ce que sera la suite de l'album.

Là, on attend la chute, on a du mal à penser qu'un début de ce niveau puisse continuer sur sa lancée. Mais Ed enchaine les tubes, et on ne peut pas rester insensible a la fraicheur de Born In The 70's, a la mélodie doucement romantique de This One's For you, à la belle innocence de Strangers. Là je m'arrête. Ce n'est pas pour cette chute tant attendue, au contraire. Voilà Let Love Not Weigh me Down, l'apogée de l'album, peut être même l'apogée de la mélancolie en général. Une de ces chansons dont on ne se lasse jamais, même si on l'écoute une centaine de fois par jour. Les instruments se déchaînent, la voix de Ed semble elle même souffrir de la tristesse de cette violente chanson d'amour.

Après avoir écouté ce dernier morceau une dizaine de fois pour se prouver qu'il est bien réel, on se décide à enchaîner sur ce qu'on peut appeller la deuxième partie. Et cette deuxieme partie est la raison pour laquelle cet album n'atteint pas pour moi la note maximale. Les chansons se font plus anecdotiques, sans pourtant laisser place à cette chute qui n'arrivera finalement jamais. On est moins marqués par ces six morceaux, à l'exception de l'étonnante The Trapdoor, épisode totalement psyché, où Ed tient la guitare acoustique pour donner lieu à l'univers hypnotisant du morceau, accompagné d'une guitare électrique s'inspirant fortement de musiques orientales.

Il faudrait deux conclusions à cette chronique, l'une pour souligner l'époustouflante première partie de cet album, et l'autre pour parler de l'anecdotique deuxième partie. Mais finalement, cet album reste incontournable et mérite l'achat rien que pour le morceau de bravoure qu'est Let Love Not Weigh me Down.