Dan Black

Réelle âme et porte-parole du feu groupe The Servant, l’anglais Dan Black, chanteur remarquable et remarqué par son timbre de voix légèrement nasillard, par ses folles convulsions scéniques ou encore par ses choix artistiques, que ce soit en bien ou en mal selon les avis, est de retour en solitaire avec un premier album, sorte de nouveau départ pour le jeune homme qui tente de se débarrasser de ses serviles démons du passé.

Ainsi, après avoir mis fin à une relation fructueuse de quelques années avec ses anciens partenaires musicaux du défunt groupe dans la foulée d’un album prémonitoire intitulé How To Destroy A Relationship, l’artiste renaît de ses cendres cette année en délivrant Un, première pièce de son nouvelle ouvrage sonore, entre douceurs mélodiques pop et légères expérimentations électroniques, pour un rendu global des plus réussis.

Une fois inséré dans la platine, l’album commence en trombe par le magnifique titre Symphonies, des chœurs introductifs magistraux, des violons célestes, une mélodie prenante, le tout étonnamment rythmé par un célèbre beat, celui de la chanson Umbrella appartenant à la chanteuse Rihanna. Nullement dépaysé, on reconnaît le son familier made in The Servant, rehaussé par ce mélange tout à fait épatant, entre codes du genre pop et monde du hip-hop, marquant indéniablement les débuts de l’ère Dan Black.
Puis vient le titre U+Me =, articulé autour de montées en puissance à base de violons sur les couplets, puis par une sorte d’explosion sonore contrôlée et sensiblement électronique sur les refrains, pour un titre impeccablement réussi. On pourrait encore parler des sensibles morceaux Ecstasy, Cocoon et Wonder qui font preuve d’une touchante douceur, mélancoliques à souhait, une intensité artistique dans laquelle le virtuose excelle.

Toutefois, paradoxalement, tout n’est pas blanc chez Dan Black. Même si la nouvelle œuvre plaît indéniablement dans son ensemble, certains titres peuvent agacer lors des premières écoutes. On pense aux expérimentaux Alone et Pump My Pumps, sortes d’objets musicaux non identifiés, entre funk et électronique pour l’un, électronique répétitive, entêtante, et effets sur la voix pour l’autre.
Mais finalement ces bizarreries, après les avoir apprivoisées, font en quelque sorte le charme de ce maître touche-à-tout, alchimiste de la musique, offrant un peu de variété dans un album qui aurait pu vite fait tomber dans la monotonie.

Pour finir, en guise de cerise sur le gâteau, Dan Black parachève sa création par Let Go, morceau sublime, d’une simplicité folle, guitares épurées, piano discret, violons pudiques, rythmique feutrée, mais le tout d’une incroyable efficacité émotionnelle, bouclant la boucle de la plus belle des manières et laissant espérer que le bonhomme fera son retour sur scène par la grande porte avec Un grand succès.