Cerys Matthews

Cerys Matthews n'en est pas à ses premiers pas dans la musique, et cela se sent. Empreint d'une maturité et d'une justesse qui relève de l'orfèvrerie, le dernier album de la galloise qui avait fait ses premiers pas dans le groupe Catatonia est une réussite, même si le disque possède ses parts d'ombres...

Don't Look Down commence sur ce qui est sans doute l'une des bonnes surprises de cet album, Arlington Way. Si le titre ne joue pas forcément la carte de l'originalité, rappelant ce qu'une chanteuse comme Duffy a pu produire comme son dernièrement, le morceau est efficace, empreint d'une atmosphère vibrante et sensuelle qui ouvre de brillantes perspectives pour la suite de cet album.
Et l'on ne s'y trompera pas, Don't Look Down possède une majorité de titres qui se révèlent sur la longueur de petites pépites de pop, brillement orchestrée. On traverse un équateur fantasmagorique et emporté par une voix décomplexée dans Into The Blue, on oscille entre parfait exercice de style et ingéniosité sur Spider And The Fly... Une réelle évolution se fait ressentir depuis Never Said Goodbye, Cerys Matthews ayant accompli une sorte de maîtrise totale de son timbre si particulier, comme sur Evelyn où le chant enfantin se transforme en chœur fantomatique, et les expériences dylaniennes que la chanteuse avait pu entamer sur l'album hommage au chanteur folk Listen to Bob Dylan: A Tribute se ressente parfois, comme dans l'enthousiasmant Smash The Glass.
Néanmoins, on est parfois un peu déçu par les orientations que prend Cerys Matthews, comme sur A Captain Needs A Ship, morceau qui, s'il veut au départ se rendre plutôt réjouissant à l'oreille, tombe très vite dans l'inutilité et l'incompréhension, tant le chant de Matthews est ici dénaturé, sur une mauvaise voie. Ensuite, on soulignera la répétitivité de l'ensemble, l'album étant certes composé de bons morceaux, mais les ressemblances flagrantes entre les pistes, les prises de risques qui avortent (A Captain Needs A Ship), et des cordes qui se font parfois un peu trop lourdes et pas assez légères comme sur Salutations.

Au final, Cerys Matthews nous livre ici un très bon album. Certes, l'écoute est parfois entachée par quelques erreurs, et on aura plutôt tendance à « picorer » dans l'album que d'écouter celui-ci d'une traite... Il n'empêche que pour les morceaux originaux et savoureux que sont Arlington Way ou It's What's Left, That Makes It Right on ne pourra s'empêcher de retourner à cet album audacieux, vivant. Une réussite.