Scout Niblett

Dès les premières notes de guitares distordues sur Just Do It!, on sent que Scout Niblett, une anglaise de 36 ans émigrée aux Etats-Unis, ne fait pas les choses comme tout le monde. Au lieu de tout suite inviter l’auditeur à rentrer dans son univers, elle préfère le rembarrer – pour mieux l’attirer par la suite. Et ceux qui se laisseront aller à écouter tout son album, The Calcination Of Scout Niblett, ne seront pas déçus.

Pour son cinquième album, Scout Niblett continue son travail sur les relations entre le bruit, le son et le silence. Aidée comme toujours par Steve Albini à la production, elle ne cache pas l’influence que le grunge a eu sur elle. Mais là où certains groupes se contentent de s’époumoner comme Kurt Cobain, Scout Niblett utilise simplement le son de cette époque pour mettre en avant sa voix qui, elle, est posée et à la fois enfantine et assurée. Sur des titres comme Kings ou Strip Me Pluto, l’influence de groupes comme Nirvana ou Sonic Youth est omniprésente et pourtant Scout Niblett arrive à créer un son bien à elle.
Loin d’être noisy et rock, ses compositions se défont de tout ce qui peut lui paraître superflu. Scout Niblett est souvent seulement accompagnée d’une guitare et d’une batterie, donnant à ce disque un côté primitif. Le résultat est à la fois épuré et écorché vif comme sur Duke Of Anxiety, un des meilleurs titres de cet album, qui sonne comme une berceuse, si ce n’est pour les paroles qui parlent d’ivresse, de bars et de fuite vers le Mexique. A ce propos, les paroles de The Calcination Of Scout Niblett semblent toutes raconter une histoire plus ou moins sombre, mais celle-ci restera toujours abstraite pour l’auditeur.
Sur Meet And Greet, le dernier titre de l’album, les derniers mots de Scout Niblett sont « When are you gonna learn to play that thing ? ». Peut être se parle-t-elle à elle-même ? Mais comme pour répondre à cette question et se remonter le moral, il s’en suit trois minutes d’arpèges à la guitare.

Sans vraiment expérimenter, Scout Niblett change de rythme comme d’humeur sur The Calcination Of Scout Niblett et ne semble parfois jouer que pour elle-même, pour le plus grand plaisir de ceux qui ont la chance de se laisser transporter dans son univers personnel (qui doit certainement se situer aux début des années 90 à Seattle).