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The Courteeners - Falcon
Chronique Album
Date de sortie : 22.02.2010
Label : Polydor
35
Rédigé par Mélissa Blanche, le 24 février 2010
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Bizarrement, Morrissey, le fameux chanteur des Smiths, ne jure que par ce quartet, venu de Manchester. Bizarrement encore, certains voient en eux les sauveurs du rock'n'roll. Aujourd’hui, les Courteeners reviennent avec un second album, Falcon, dans lequel ils s’éloignent de la britpop et se familiarisent avec des sonorités plus électroniques et une veine mélancolique.

C’est vrai, quelques chansons valent le coup d’œil. Take Over The World ne s’éloigne pas des sentiers battus mais réussit quand même à faire rêver : « I’m just a paperboy from the North West but I can scrub up well in my Sunday best » ou le fameux mythe manchestérien du bon à rien qui devient légende vivante. Le chanteur et compositeur Liam Fray sait même se moquer de lui-même : « I’ve never written a cliché before an’ I’ll probably never do so / She was beautiful though ». Puis vient Cross My Heart & Hope To Fly avec ses claps obsédants, son clavier électro et son riff efficace. Mais ce n’est que sur You Overdid It Doll que le groupe parvient à surprendre et à être enfin soi-même. La chanson est parfaitement calibrée pour les dancefloors. Le refrain est extrêmement entêtant et entraînant et le morceau se démarque par un son très eighties.
Autre chanson phare de l’album : The Rest Of The World Has Gone Home. Liam Fray joue les folkeux, seul à la guitare acoustique. Une chanson qui n’a pas grand-chose à envier aux Libertines, et qui fonctionne très bien. Le groupe retentera une petite ballade sur Cameo Broock. Le morceau est plutôt réussi, mais moins convainquant que le précédent, d’un style beaucoup plus épuré. Tentative totalement infructueuse cette fois : Last Of The Ladies. Après la guitare acoustique, on passe au piano. Malheureusement, l’effet est moins probant et le chant se fait larmoyant. Attention à ne pas s’endormir.

D’une manière générale, l’ensemble de l’album manque cruellement de fougue. L’introduction de Sycophant, par exemple, sur fond de guitare saturée, annonçait un sacré morceau rock. Mais l’énergie retombe très vite. « I’m a fool who thinks he’s strong like Cassius Clay /I never listen to what anyone says », diagnostique Liam Fray dans Lullaby. Mais si le frontman se prend pour le roi du monde, on aimerait presque qu’il pousse la démarche jusqu’au bout. On s’attendrait en effet à un rock plus arrogant, à une voix plus hargneuse, à des guitares plus agressives, mais cette tendance reste toujours en demi-teinte.
C’est peut-être là le problème majeur des Courteeners. Ils peinent à trouver leur propre style ; et même s’ils se dirigent vers une tendance de plus en plus électro, on confondrait presque les influences du groupe avec le groupe lui-même. Et pour cause, la musique rappelle les White Lies ou les Killers par moments, les Libertines parfois. On retrouve un petit air de Glasvegas aussi, et puis un certain goût « coldplayien » pour les envolées lyriques. Bref, on pourrait continuer la liste pendant longtemps. C’est comme s’il manquait quelque chose aux lads pour qu’ils puissent enfin s’affirmer : la musique n’est pas tout à fait enjouée, le son n’est ni heavy, ni arrogant, ni encore électro, pas totalement saturé ni vraiment acoustique...

La voix de Liam Fray ne fait pas non plus de miracles et ne distinguera pas son groupe d’un autre. On peine aussi à trouver LA mélodie efficace qui mettrait tout le monde, exception faite peut-être de You Overdid It Doll. On pourrait aussi cracher sur les paroles, mais ce serait trop facile. Quels groupes peuvent se vanter de faire de la poésie ? Ce sont de précieuses exceptions. « I'm still young / I need life more than I need a wife / The good times are calling me » : on pourrait arguer avec dédain que ces paroles sont puériles, mais ce n’est pas un peu le rôle du rock que de se croire toujours jeune ? On peut apprécier au contraire la tentative d’introspection, qui donne à ce deuxième album une nouvelle tonalité, mais qui s’écroule très vite quand elle devient pleurnicharde.

Il s'avère que la chanson d’ouverture préfigurait déjà ce que serait le reste de l’album : plutôt agréable et sincère, mais pas pour autant indispensable. Même si elles tiennent dans l’ensemble assez bien la route, au final, les chansons se suivent et se ressemblent. Et bien qu’il mérite une deuxième chance, après avoir écouté tout l’album, vous n’aurez pas forcément envie de le réécouter. Parce qu’il n’est pas addictif, tout simplement. Alors, qu’on nous épargne les comparaisons avec Oasis, sous prétexte qu’ils viennent de la même ville. Il faudra attendre longtemps avant qu’on puisse comparer les Courteeners avec l’un des plus grands groupes de l’histoire du rock.
tracklisting
    1. The Opener
  • 2. Take Over The World
  • 3. Cross My Heart & Hope To Fly
  • 4. You Overdid It Doll
  • 5. Lullaby
  • 6. Good Times Are Calling
  • 7. The Rest Of The World Has Gone Home
  • 8. Sycophant
  • 9. Cameo Brooch
  • 10. Scratch Your Name Upon My Lips
  • 11. Last Of The Ladies
  • 12. Will It Be This Way Forever?
titres conseillés
    You Overdid It Doll, Take Over The World, The Rest Of The World Has Gone Home
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