Blood Red Shoes

Il y a deux ans, Blood Red Shoes déboulait avec Box Of Secrets, un premier disque électrique, frontal et sans artifice, qui avait permis de voir en ce duo anglais un groupe redonnant au rock toutes ses lettres de noblesse. Cette année, Steven Ansell (voix, batterie) et son acolyte féminine Laura-Marly Carter (voix, guitare) nous avaient prévenus de leur orientation pop sur leur nouvel album. Pas d'esbroufe à l'horizon : Fire Like This est en effet moins agressif et moins brutal que son prédécesseur, mais il a gagné en lourdeur et en fluidité.

Dix morceaux - qui ne dépassent pas pour la plupart d'entre eux les quatre minutes – empreignent le second volet des Anglais. A première vue, les Brightoniens ont gardé leur côté abrasif en continuant de choisir la qualité à la quantité de titres à l'attrait moyen. Pas de demi-mesure donc. Don't Ask, la chanson d''ouverture, en est d'ailleurs la preuve : extatique et sans concession, elle enchaîne roulements de batteries répétitifs, coups de caisse claire et charley à fond les ballons, notes de guitares piquées, chant tendu alterné entre la voix de Steven sur les couplets et celle de sa comparse sur les refrains. La maîtrise et la technique instrumentale du duo y est impeccable.
Mais l'album se situe la plupart du temps dans un style plus effronté, mis en avant par une production à gros calibre signée Mike Crossey, que l'on avait déjà pu voir à l'œuvre pour Artic Monkeys ou The Enemy. It Is Happenning Again et Keeping It Close (rappelant parfois Kill The Young) le prouvent, tout comme Light It Up, porté par un refrain grunge ponctué de « Hey /Yeah » qui aurait bien pu se retrouver sur un titre de Nevermind de Nirvana.

S'il est loin de s'éloigner du punk et du rock ayant fait sa marque de fabrique, le combo n'hésite pas à s'ouvrir en revanche à des mélodies plus pop et à agrémenter ses chansons d' arrangements et d' ambiances parfois plus aériennes. En témoignent quelques titres laissant place à des mélodies légères et plus lisses, à l'instar de Follow the line ou When We Wake, qui peine à décoller malgré un doublage de guitare et un renfort de la batterie.
Ailleurs, Blood Red Shoes rend toujours hommage à ses refrains fédérateurs, électriques et accrocheurs . La puissance est souvent au rendez-vous chez ces deux artistes. Elle est notamment évidente sur Count Me Out et son côté Placebo, ou sur le single Colour Fade, au son presque shoegaze et qui rappelle par à coups Sonic Youth.

Au final, si Blood Red Shoes sont peut-être moins surprenants, moins impulsifs dans leurs nouvelles compositions, ils parviennent à affiner des mélodies FM, rock ou plus pop en étant toujours capable de faire grand bruit avec pour seuls instruments un kit batterie / guitare. Ce qui n'est déjà pas si mal.