The Fall

Voilà près de 35 ans que The Fall tourne et sort des disques. Avec le temps, Mark E. Smith et ses comparses (lesquels changent environ tous les deux ans) ont toujours des choses à exprimer. Il y a des groupes qui tournent en rond, d’autres qui se reprennent eux même et quelques uns qui arrivent à garder une forme d’originalité et d’intérêt. The Fall malgré un nom qui n’inspire pas franchement la durée, fait pourtant partie de ceux là. Leur musique est tellement fascinante qu’elle pourrait se servir d’inspiration à elle même, une écoute assidue et prolongée vous fait vite divaguer. Cet art de la boucle créative est peut-être le secret de la longévité de son leader.

Le post-punk est un rock simple et vaguement expérimental. C’est la gueule de bois qui suit la vague punk, l’heure des bilans, un coup de maturité en plus. Co-inventeur du genre, et qui plus est originaire de Manchester, le groupe peut se permettre toute ressemblance avec des groupes existants ou ayant existé. L’album démarre par une démonstration, OFYC showcase. Le morceau commence par une batterie que n’aurait pas reniée Joy Division (avec qui ils ont joués), une section rythmique à la Section 25 (avec qui ils ont joué aussi). Le morceau s’étire et monte doucement, une belle progression comme les affectionnent beaucoup avec lesquels ils ont joués ou non (Gang of Four, Tortoise, Sonic Youth...).

Comme ces groupes ayant commencé leur carrière au début d’un mouvement, ils sont venus avec leurs influences et leurs envies. Ils n’ont pas eu à coller à une mode ou un style déjà défini par d’autre. Dans ses bagages, The Fall, est venu avec un goût prononcé pour les groupes de garage rock et on trouve encore des traces de rockabilly dans certaines lignes de basse (Hot Cake).

Inspiré, ce 28ème album, (peut-être 62ème en comptant les lives, et passons sur les 35 compilations) vaut la peine d’être écouté pour ses qualités et non pour le respect que peut inspirer un groupe aussi monumental. C’est le disque d’un papy mal élevé et râleur qui sait jouer sur les cordes sensibles de sa guitare et en sortir des sons uniques sans se la jouer diva égocentrique. La production est impeccable. Le son est brutal et sature tout le spectre sonore tout en laissant les mélodies s’exprimer pour un résultat, heureusement, très écoutable.