Teenage Fanclub

Quinze ans depuis Grand Prix à délivrer la même pop surannée en substance, l’on pourrait croire les Teenage Fanclub fatigués de leur propre dynamique. Il n’y a jamais de surprise à chaque nouvelle sortie des écossais : les mêmes mélodies nettes et subtiles, la même production propre, les mêmes empreintes fortes d’Alex Chilton et des Byrds. Il n’y avait guère de chamboulement pour Songs From Nortern Britain, il n’y en aura pas pour Shadows. Cela pourrait ressembler à un reproche, mais ce n’en est pas un non plus.

Les Teenage Fanclub sont comme une variable fixe, immuable et imperméable au temps qui passe. A écouter Shadows, nous n’avons jamais quitté les années quatre-vingt-dix. A quoi bon, les mélodies fines et arrangements ciselés, les fulgurances tout en retenue des guitares ; rien ne vieillit aussi bien qu’une belle chanson de pop-rock. Baby Lee aurait été un hit classique assuré, Shock And Awe et The Back Of My Mind auraient été des hymnes bien gardés de mélomanes nostalgiques.

Mais les Teenage Fanclub ne bénéficient malheureusement plus du même rayonnement culturel – si tant est qu’ils en aient réellement bénéficié un jour – et Shadows ne subsistera probablement que dans certaines mémoires averties, malgré une qualité et une consistance remarquable. A l’image de Dinosaur Jr., les écossais semblent bien déterminés à suivre ce chemin dégagé qui leur réussit tant, mais demeurant à l’ombre de leurs succès d’antan. Qui pourrait le leur reprocher ?

Si les Teenage Fanclub devaient toutefois déterminer l’état du rock de cette dernière décennie, ils seraient les témoins vivants d’une évolution musicale continuelle, et beaucoup moins fragmentée que par le passé. A rester implacablement à leur place, les Fannies se sont réservés une place de choix pour observer. Le temps qui passe. Le monde qui change. Et qui revient à sa place.