Philip Selway

Alors que Radiohead peaufine tranquillement dans son coin son huitième album, Philip Selway, le batteur chauve du groupe oxfordien, sort de sa discrétion en s'affirmant tel un leader dans son premier album judicieusement intitulé Familial sur lequel il invite quelques jolies personnalités (Lisa Germano, Pat Sansone et Glenn Kotche de Wilco, Sebastian Steinberg des Soul Coughing) à venir pousser la chansonnette avec lui.
Un disque où, quitte à surprendre plus d'un fan, le musicien n'étale pas les prouesses techniques de son instrument de prédilection mais, au contraire, embrasse la folk-music armé de guitares doucereuses et omniprésentes, qu'il enveloppe de délicates sonorités et chœurs enivrants.

Superbement produits par Ian Davenport (Supergrass, Badly Drawn Boy), un habitué des studios Courtyard de Radiohead et aussi collaborateur de Band Of Skulls, les dix titres de ce disque s'écoutent aussi facilement qu'un bambin s'endort à la lecture d'un conte de fée. Avec cette compilation de morceaux d'une tranquillité agréable,Philip Selway parcourt une route dégagée, sans qu'aucun obstacle ni ravins ne parviennent à perturber la douceur et la sérénité qui se dégagent de son aura ; des chansons comme (le consensuel) A simple Life témoignent d'ailleurs de son désir de vie tranquille, où l'on pourrait « vivre et disparaître dans la nuit... ».
Si on connaissait déjà son statut de chanteur dans le projet caritatif 7 Worlds Collide : The Sun Came Out (chapeauté par Neil Finn), on ne connaissait pas tellement son talent d'arrangeur. Et autant dire que l'Anglais est plutôt doué pour cette affaire. By Some Miracle témoigne bien de son talent de mélodiste. Le titre, qui peut rappeler la musique de Troy Von Balthazar, accroche grâce à sa structure dodelinante, ses chœurs et sa batterie filtrée, tandis que la chanson Beyond Reason séduit par la voix aiguë du songwriter et ses bruitages répétitifs.

Un peu moins convaincantes, The Toes That Bind Us reste un peu creuse malgré sa contrebasse et son refrain clamé, alors que Falling, qui séduit un temps soit peu par son ambiance épique mais contenue, peine à décoller.
En guise de consolation, on notera les arpèges lisses, la basse sèche et les claviers cotonneux de Patron Saint ou encore les délicates notes de piano éparpillées et réverbérées sur Don't Look Down. Autant de chansons belles et gracieuses, qui satisferont les auditeurs ne sachant pas quoi faire un dimanche après-midi de pluie.

Les plus sensibles, eux, ne devraient pas résister au charme du mièvre Broken Promises ou de l'apaisant mélancolique The Witching Hour, deux titres qu'on ne serait pas surpris de voir figurer au générique de la prochaine saison de Grey's Anatomy.