Therapy?

En guise de célébration de leurs vingt ans de bons et loyaux services dans la division du punk rock musclé, le trio mythique fait paraître son premier double-album live à caractère officiel. En effet, celui-ci, composé de pas moins de trente-six morceaux, fut enregistré au début de l’année 2010 au cours d’une série de dates plus épiques les unes que les autres. Car au-delà d’un groupe qui a su révolutionner la production des ses réalisations, notamment grâce à sa collaboration avec Chris Sheldon dans la seconde moitié des années quatre-vingt-dix, Therapy? a toujours proposé, de par sa nature généreuse et son énergie débordante, des prestations scéniques héroïques.

Ainsi, c’est sans ambages que la formation démarre en fanfare avec l’emblématique Screamager. Dans une ambiance électrique, autant qu’éclectique, puisque le combo revisite quasiment toutes les étapes marquantes de son répertoire varié et souvent expérimental. Les brûlots s’enchaînent, depuis le Sister de la période sombre et rock’n’roll de l’aube des années deux mille, jusqu’au métal plus intimiste teinté de mélancolie des derniers albums, à l’image de Our White Noise ou encore Rain Hits Concrete, sans oublier l’incursion des tout débuts dans l’univers industriel, matérialisé par une version somptueuse de Innocent X. Très vite, submergé par nos émotions passées, nous ne savons plus où donner de la tête, tant la richesse de la musique du trio est grande, tant du point de vue des styles musicaux, lesquels ont émaillé leur carrière, que du point de vue des mélodies ainsi que de leur exécution technique.

Aussi passe-t-on avec une fluidité déconcertante d’un Meat Abstract syncopé et obsessionnel à un Exiles progressif et primitif, postérieur au premier de quelque vingt années. En outre, on n’hésite pas à gratifier l’auditeur de quelques reprises, à l’image du, certes classique, mais toujours efficace et percutant Isolation. Bref, le seul léger bémol que l’on pourrait émettre relativement à quelques-unes des chansons, serait l’abus parfois coupable d’une rythmique très syncopée, essentiellement la batterie, dans des compositions qui méritent le tempo binaire d’origine, comme par exemple Nowhere ou Stories qui, de fait, manquent légèrement de spontanéité.

En conclusion, We’re Here To The End présente un double intérêt, à la fois pour le fan de la formation et le néophyte. D’une part, il célèbre de la plus belle des manières le talent, l’authenticité et l’intégrité de l’un des fers de lance du rock irlandais contemporain, et, d’autre part, il s’avère être un florilège très réussi des compositions les plus abouties, marquantes et représentatives, à la fois d’un groupe qui a toujours su se renouveler et surprendre, ainsi que de toute une génération.