Banjo Or Freakout

Mais qui peut bien se cacher derrière un nom pareil ? Banjo Or Freakout, une appellation loufoque comme il s’en fait tous les jours outre-Manche en forme de pseudo dilemme intriguant qui, de prime abord, ne laisse en rien présager des origines du musicien caché derrière ce joli projet électro-pop.

Cependant, ne vous torturez pas trop longtemps les méninges, le bonhomme en question se démasque rapidement, un peu malgré lui, porteur d’un prénom civil qui en dit tout de suite plus qu’il n’en faudrait sur son sujet, résonnant dans nos têtes avec l’intonation et l’accent adéquat. Alessio Natalizia, italien d’origine donc, plongé corps et âme dans la musique depuis son plus jeune âge, entre guitare classique et morceaux de Dylan, s’est naturellement laissé guider par les sirènes londonienne pour venir y trifouiller sur l’ordinateur de sa copine les ébauches sonores inspirées de ce qui deviendra, par le biais du label Memphis Industries, ainsi qu’avec l’aide bien venue de Nicolas Vernhes (Animal Collective, Bjork) et de son simple studio new-yorkais, un premier album aérien, onduleux et joliment hors du temps.

Entre Banjo Or Freakout, si il fallait trancher, le jeune homme pencherait indiscutablement plus vers le banjo, ou devrais-je dire la mandoline, vu ses ancêtres méditerranéens, que vers la crise de nerf. Un choix résolu une fois pour toutes ? Pas si sûr, car tout n’est pas juste blanc ou noir chez l’artiste. D’un côté, de l’instrument en question, il ne lui reste plus qu’une certaine science de la rythmique, un penchant pour les cordes dans leur plus touchante simplicité, voir quelques éventuelles traces directes de celui-ci qu’on soupçonne par-ci par-là (Can't Be Mad For Nothing) si on se met à correctement tendre l’oreille. De l’autre, bien que les dix pistes proposées par le jeune homme ne vous feront jamais hyperventiler, elles auront tout de fois tendance à vous emporter dans un univers profond et subtil, richement texturé et mélodiquement accessible.

Homogène et immersif, en plus de nous contenter largement, l’excellent premier album éponyme, Banjo Or Freakout, a la mérite de nous exalter sur plusieurs titres. On pense évidemment à la somptueuse et poétique From Everyone Above et son piano tendu, son inquiétante douceur, ainsi que sa voix éthérée, dans une atmosphère aux éclats de Beach House, que l’on joue bien entendu en boucle sur nos platines. On apprécie également la paisible et rythmée Go Ahead, son timbre las, son mélange de guitares saturées et son soupçon d’acoustique, façon Black Rebel Motorcycle Club à leurs débuts, ainsi que Can't Be Mad For Nothing, sorte de remix de cette dernière, où le tangible devient intangible, la batterie se faisant chasser par l’électronique.
On souhaiterait aussi souligner et encenser la justesse de 105, morceau introductif bougrement efficace, ou encore le clapotis sonore de l’agréable Idiot Rain, mais au lieu de rajouter compliments sur qualités à une liste étant déjà bien longue, on dénoncera plutôt la durée (courte) de l’album, une fin jugée un tantinet soporifique, en deçà du reste et finalement un manque flagrant de dates sur sol français pour les prochaines semaines à venir!

Autrement, pas grand chose à ajouter pour finir, si ce n’est que, pour la petite anecdote, Bloc Party avait déjà repéré Banjo Or Freakout depuis un bon petit moment. Dès lors, qu’attendez-vous pour rattraper le temps perdu et découvrir au plus vite le plus londonien des italiens de la scène electronica britannique actuelle ?