Buzzcocks

Les Buzzcocks ont toujours été un groupe punk rock différent ; à l’instar des Toy Dolls, les membres successifs de ce groupe se comptent sur les doigts des deux mains au cours des ages (et ceux des Toy Dolls, sur les doigts de deux mains et des deux pieds) !

Cette fois encore, les Buzzcocks innovent plus de trente ans après leur premier album : A Different Compilation, c’est le meilleur des Buzzcocks en 24 titres réenregistrés en studio pour un Best Of alléchant au son éclatant et aux paroles intelligibles. Car, comme l’annonce Pete Shelley : « Nos albums originaux sonnent aujourd’hui comme des démos. Ces nouvelles versions, aiguisées par des années passées sur la route, mettent en valeur les chansons comme nous savons qu’elles devraient être, la façon dont le public aime les entendre. »
Du duo fondateur original, Pete Shelley et Howard Devoto, seul le premier nommé est resté fidèle aux Buzzcoks ; bien lui en a pris ! Depuis 1977 et, en dehors de la période située entre 1980 et 1993, les Buzzcocks inventent et reviennent au gré des envies et des modes d’un public qui, pour le plus ancien, approche aujourd’hui des 60 ans ! Devoto, lui, n’a même pas attendu l’enregistrement du premier album des Mancuniens, Another Music In A Different Kitchen en 1978, pour partir former Magazine, autre monument de l’époque Punk et after Punk.

N’ayons aucun doute à ce sujet, les Buzzcocks sont un monument ! Un des piliers de soutien de l’édifice Londonien des late seventies où se mêlèrent les Sex Pistols, les Damned et les Clash, se retrouvant parfois sur une même affiche de concert placardée dans Carnaby Street. Est-il besoin de le rappeler, le premier concert des Buzzcocks fut en ouverture des Sex Pistols en 1976. Légendaire ! Est-il besoin de le rappeler, les Buzzcocks accompagnèrent la dernière tournée de Nirvana en 1994 au cours de laquelle Steve Diggle, guitariste et chanteur, accompagnait Kurt Cobain dans ses descentes nocturnes tout schuss sur les monts poudrés d’Europe, la tournée devant s’arrêter pour Kurt, à cause d’une overdose à Rome – Suicidaire !
Punks dans l’âme comme dans l’urgence absolue de leurs titres semblant ne jamais dépasser les trois minutes, même quand c’est le cas, les Buzzcocks inventent un punk rock qui ne se bat pas seulement pour des causes politiques et sociales mais qui exprime aussi, dans ses textes, les sentiments, les histoires personnelles vécues ou pas, le tout accompagné de mélodies entêtantes (What Do I Get), d’influences militaro funky (Why Can’t I Touch It) jusqu’à l’apogée du titre rapide, saturé, énervé mais diablement pop pour son époque, Ever Fallen In Love (With Someone You Shouldn't've) ; hymne rock immortel récemment repris par Nouvelle Vague. Les Kaiser Chiefs, Strokes ou Green Day leur sont à jamais reconnaissants !
Double disque, A Different Compilation n’est pas la première des Buzzcocks, loin de là ! En réalité, c’est au moins la cinquième, sans parler des rééditions. Mais, alors que nos 45t d’époque sont usés jusqu’au dernier sillon et craquent comme un petit Lu après une transsaharienne, la vraie bonne nouvelle, c’est une écoute cristalline et de haute volée de titres ayant traversés plusieurs décades. Ceux-ci sonnent neuf, printaniers, presque méconnus tant Pete Shelley et ses comparses se sont donnés du mal pour passer, de longues années plus tard, une bonne couche de crème anti-rides de grande qualité à tout un pan de l’histoire du rock.

Comme le dit Steve Diggle : « Des chansons d’innocence sophistiquée sont maintenant des chansons d’expérience. Harmony In My Head et Why She's A Girl From The Chainstore ont désormais une vision panoramique ! ». Les Buzzcocks en 3D, c’est pour la prochaine fournée !