Benjamin Francis Leftwich

Benjamin Francis Leftwich vient ajouter son nom à la désormais longue liste des folkeux à la mode. En effet, si l'exercice guitare acoustique/voix en effraierait plus d'un, il semble que beaucoup s'y engagent ces derniers temps, pour le meilleur ou pour le pire.

Le jeune Anglais de 21 ans a été bercé par les Stones et Nina Simone mais c'est lorsqu'il découvre Nick Drake, Bob Dylan et Elliott Smith qu'il a une révélation et décide de se tourner vers le folk. En octobre dernier, son premier EP, A Million Miles Out, rapidement suivi d'un second, Pictures, attire l'attention, notamment grâce à sa très douce reprise du Rebellion (Lies) d'Arcade Fire.
C'est donc avec une certaine impatience que nous découvrons Last Smoke Before The Snowstorm, premier album de Benjamin Francis Leftwich.

Ce qui attire rapidement l'attention, c'est sans aucun doute la voix suave du jeune songwriter qui décline ce thème si cher à presque tous les musiciens : l'amour. Malgré son jeune âge, les compositions sont soignées et le travail de production apporte à l'ensemble une crédibilité qui assied le sérieux de ce premier album. Néanmoins, on ne peut que regretter le manque de variations et de surprise. Si les mélodies sont belles et touchantes de simplicité, la formule est toutefois redondante. On retrouve ainsi souvent la même construction guitare/violon/voix (parfois doublée, comme sur Box Of Stone) et on aimerait que les titres évoluent plus, chose qui n'arrivera jamais.
On ne peut cependant nier la maîtrise de Benjamin Francis Leftwich, comme le prouvent Box Of Stone ou Atlas Hands. Que ceux qui pensent que les compositions dépouillées à la Damien Rice n'ont aucun intérêt passent leur chemin : Last Smoke Before The Snowstorm n'est pas fait pour eux. Parce qu'en effet, on peut lui reprocher ses sections répétitives mais cet album reste tout de même une réussite. Benjamin Francis Leftwich n'est certes pas au niveau des artistes qui l'inspirent mais il a encore beaucoup de temps devant lui et le potentiel, en attestent ses compositions prometteuses. Le titre éponyme de l'album présage d'ailleurs une ouverture intéressante à l'artiste : l'orchestration plus élaborée lui permet de se placer dans la lignée des deux premiers albums de Noah And The Whale et lui offre un futur angle de travail nouveau.

A l'écoute de ce Last Smoke Before The Snowstorm, la voix feutrée de Benjamin Francis Leftwich prend des accents de Sufjan Stevens, mais ce dernier a prouvé, contrairement au présent album, qu'il est possible d'être un songwriter et de parler d'autre chose que d'amour et que tout ceci pouvait se faire dans un autre registre que celui de l'acoustique. Mais l'Américain a lui aussi mis du temps à le comprendre. Souhaitons donc la même ascension à Leftwich !