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Kasabian

Velociraptor!

Kasabian - Velociraptor!
Chronique Album
Date de sortie : 19.09.2011
Label : RCA
35
Rédigé par Fantin, le 20 septembre 2011
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On l'attendait de pied ferme. Après les multiples déclarations de Sergio Pizzorno affirmant que Velociraptor! était l'album le plus heavy qu'il ait écrit, ou encore que, malgré cet album, Kasabian restait un groupe d'avant-garde comme l'étaient les Beatles en leur temps, on ne savait plus trop à quoi s'attendre. Le mot "avant-garde" est, il faut le dire, bien choisi pour décrire le groupe de Leicester. Après un album éponyme qui utilisait avec brio le rock anglais dans tout ce qu'il a de plus sombre et parvenait à y allier des sons synthétiques d'une richesse rarement égalée, après Empire et ses tubes incontournables, Kasabian avait pour la troisième fois frappé fort en sortant, en 2009, West Ryder Pauper Lunatic Asylum. Écrit durant une période de réflexion sur les asiles, cet album désormais culte dans l'histoire de la brit-pop nous avait confirmé un fait peu banal ; Kasabian est une des très rares formations qui a réussi, ces dernières années, à sans cesse se renouveler. Revenir une quatrième fois était donc un pari risqué.

Après la parution du clip de Switchblade Smiles sur Internet, on eût pu penser que la quatrième révolution musicale de l'empire Kasabianesque allait se faire par l'artillerie lourde : le retour des synthétiseurs, un son plus puissant que jamais (chose que Pizzorno s'est plu à nous faire croire) et des tubes tellement riches qu'ils décomplexeraient les adorateurs de la pop douce et scintillante en vogue depuis quelques années. Malheureusement, il n'en est rien. Si Switchblade Smiles se trouve être une perle de noirceur aussi brutale que jouissive, Velociraptor! présente dès son ouverture des signes de sérénité, mêlée à une mélancolie douce en tout point majestueuse.
Let's Roll Just Like We Used To est une ode à l'évasion qui ne laisse pas attendre ses auditeurs et les emporte dès ses premières notes, un titre très proche de la perfection qui nous prouve que Sergio Pizzorno n'a rien perdu de son talent d'écriture. Ainsi ouvert par un des meilleurs titres du groupe à ce jour, Velociraptor! ne garde pas longtemps ces symptômes d'apaisement et avec Days Are Forgotten, on croit retrouver le quartet là où on l'avait laissé, dans la pop psychédélique, si ce n'est que cette fois, il est difficile d'accrocher à ce tube peu ambitieux. Comparé aux désormais cultes Fire ou Where Did All The Love Go ?, ce nouveau single et sa mélodie peu émoustillante semblent sonner, malgré des chœurs très réussi, comme une face-B. La version alternative de ce titre avec le rappeur américain LL Cool J n'est pas plus excitante et sonne comme si une piste de rap a capella avait été mixée au morceau par un DJ amateur.

Inégal. On ne peut pas trouver meilleur mot pour définir ce quatrième album. Après une introduction remarquable et une parenthèse dispensable, Goodbye Kiss et La Fée Verte nous immergent dans la sensibilité et le bon goût du songwriter, un monde onirique difficile à quitter. Goodbye Kiss, c'est une œuvre simple et touchante, une composition subtile et mélancolique qui a sans doute fait pâlir d'envie Noel Gallagher. Des paroles accessibles sur un fond pop aux arrangements très soignés : de quoi séduire tout admirateur de brit-pop et le faire remettre en question certains de ses artistes fétiches.
On avait déjà pu entendre La Fee Verte. Paru l'année dernière dans la bande originale du film London Boulevard de William Monahan sous le nom The Green Fairy, ce titre qui n'a de français que le nom a bien quelque chose de cinématographique. L'avoir associé à un thriller était un peu trahir son sens. Cette aventure personnelle aux allures de poème romantique conte l'histoire d'une recherche d'émancipation spirituelle et émotionnelle, les envies de son narrateur de quitter le monde réel et la société grâce à l'amour d'une créature magique. Remplie d'une douce mélancolie, la voix de Sergio Pizzorno et son accent nordique rappellent, comme à chaque une de leurs trop rares apparitions, John Lennon, et reprennent mieux que quiconque une succession difficile à assumer.
Succéder à La Fée Verte est également une chose fastidieuse. Velociraptor! ne fait pourtant aucun effort. Ce titre épique au gimmick trop banal va même jusqu'à rappeler The Offspring... Tant pis, on s'en contentera et pourra essayer de passer outre grâce au merveilleux titre qui lui succède, Acid Turkish Bath (Shelter From The Storm) : une véritable merveille psyché-pop, touchante et grandiose, aussi ambitieuse qu'aboutie.

En entendant Switchblade Smiles, on ne peut que se réjouir du retour du synthétiseur dans la musique de Kasabian. L'avoir dénigré et rabaissé au point de ne s'en servir que pour ajouter de la profondeur aux instrumentations était une grossière erreur. Cependant, depuis l'ouverture de Velociraptor!, il a fallu tendre l'oreille pour en percevoir. C'est I Hear Voices qui vient subvenir à nos attentes et procure quatre minutes d'une extase synthétique à la fois dance et très riche. Switchblade Smiles, plus sombre et moins accessible, amène la chose encore plus loin. Contrairement à des titres comme Re-Wired, il n'a pas besoin d'être entendu en live pour être apprécié.
C'est d'ailleurs le principal problème de cet album. Entre les tubes peu nombreux que sont Switchblade Smiles ou I Hear Voices, les ballades à la fois mélancoliques et oniriques Goodbye Kiss et La Fée Verte, les refrains un peu trop faciles de Re-Wired et ceux du pathétique titre qui donne son nom à l'album, Velociraptor! ne possède pas de réelle ligne directrice comme ce fut le cas de ses prédécesseurs. A travers une telle diversité dans les morceaux, on peut être quelque peu dérouté. D'autant plus qu'au milieu de cette grande diversité musicale, figurent des compositions qui ne semblent pas assez abouties. Man Of Simple Pleasures, par exemple, semble être un titre entendu mille et une fois depuis les fondements de la brit-pop. Cependant, difficile de nier que sa fin est d'une grande finesse. Heureusement clôturé sur le tout bonnement génial Neon Noon qui semble s'être échappé de l'album éponyme du groupe, Velociraptor! est loin d'être le meilleur album de Kasabian. S'il s'agit d'un disque au final très produit (Dan The Automator étant aux manettes), on regrette la volonté du groupe d'avoir voulu rassembler une large variété de styles et d'en avoir presque oublier de se renouveler.

Il est donc difficile de juger cet album dans son intégralité. Sa construction, similaire à celle d'une compilation, a tendance à vouloir faire chacun des titres une œuvre indépendante et chacun trouvera son compte dans ce disque. S'il est une chose indéniable, c'est bien que Sergio Pizzorno est un grand songwriter, un très grand.
tracklisting
    01. Let’s Roll Just Like We Used To
  • 02. Days are Forgotten
  • 03. Goodbye Kiss
  • 04. La Fée Verte
  • 05. Velociraptor!
  • 06. Acid Turkish Bath (Shelter from the Storm)
  • 07. I Hear Voices
  • 08. Re-Wired
  • 09. Man of Simple Pleasures
  • 10. Switchblade Smiles
  • 11. Neon Noon
titres conseillés
    Let’s Roll Just Like We Used to - Goodbye Kiss - I Hear Voices - Switchblade Smiles
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