Voilà bien longtemps que je n’avais plus écouté Babybird. Après avoir sorti quatre albums en deux ans à ses débuts en 1995, la productivité du groupe s’est tarie, les tubes se sont raréfiés sur les albums, les ventes ont chuté et l’export au-delà de l’ile britannique a été plus rare. Stephen Jones, tête pensante de la formation, a aussi pris les chemins de traverse. Quelques disques en solo, et l’écriture d’un roman plus tard, Stephen a décidé que Babybird pouvait redevenir productif et publie une suite à
ex-Maniac un an après sa sortie.
The Pleasures Of Self-Destruction sonne exactement comme le Babybird de mes souvenirs. Des chansons pop portées par la voix du chanteur, sa guitare et les histoires personnelles qu’il livre à l’auditeur. Les textes pourraient être des nouvelles de
Nick Hornby (l’auteur de High Fidelity, About A boy...), typiquement anglaises et mêlant la vie de tous les jours dans un univers populaire mais pas dénué d’élégance avec une touche de fantastique.
C’est probablement le souci de la mise en scène et un sens aigu de la narration qui ont poussé l’auteur à enregistrer à Los Angeles. Mais clairement pas le glamour californien : le groupe n’y a pas éclusé les fêtes de stars et a plutôt dormi à même le plancher avec les araignées. Après tout, lorsque l'on vient de Sheffield, on ne se défait pas comme ça de la grisaille anglaise.
Pour ceux qui auraient raté les débuts de Babybird, le premier titre est une introduction parfaite à leur univers.
The Jesus Stag Night Club, qui ouvre l’album, est l’histoire d’un groupe d’amis qui engage un acteur jouant Jésus pour faire la tournée des pubs. L’histoire est loufoque mais ne s’arrête pas là. L’acteur meurt et il se trouve que c’était vraiment Jésus. Sans queue ni tête, bienvenue chez Babybird. L’acteur, en l’occurrence, n'est autre que Johnny Depp qui participe au titre.
La voix et les textes sont au cœur de ce disque, que le chanteur qualifie de politique dans le sens où il s’intéresse aux personnes et non pas à la gouvernance des instances publiques. D’ailleurs tous ses albums sont politiques. Il y est aussi beaucoup question d’amour, comme sur
Can't Love You Anymore, une chanson puissante sur laquelle le chanteur hurle comme le poète sur sa falaise. Engagé et authentique, Stephen Jones a même dédié un titre aux niaiseries télévisuelles qui galvaudent les histoires d’amour (
Not Love).
De l’amour, ce disque en a à revendre avec de la joie, de la mélancolie et de la nostalgie.