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Trailer Trash Tracys - Ester
Chronique Album
Date de sortie : 09.01.2012
Label : Double Six/Domino Records
35
Rédigé par Dorian, le 20 janvier 2012
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L'espoir faussement secret de tout groupe, grattouillant les soirs d'hiver dans un garage moisi prêté par l'oncle d'un ami de la famille est généralement double. Ce peut être celui de jouer d'abord, de tourner et d'offrir sa musique à un public sans intermédiaire. Ils sont des milliers à choisir ou à subir cette approche. D'autres ne rêvent que d'une chose : la signature, le label et les moyens qui l'accompagnent, l'enregistrement d'un premier album et le semblant de promotion qui peut en découler. C'est à peu de chose près ce qui arrive aux bourreaux de travail que sont les Trailer Trash Tracys. Les voilà enfin prêts à en découdre avec ce premier album sobrement intitulé Ester.

Domino Records s'accapare tous les ans quelques poulains, Trailer Trash Tracys baptise cette année 2012 après avoir ouvert pour The XX lors de leur dernière tournée. Il n'en fallait pas plus pour que la blogosphère s'empare du phénomène. A tord ou à raison ?
Ce qui frappe à peine les premières mesures débutées, c'est l'omniprésence d'une basse, tantôt lourde, tantôt claquante, pour ce qui représente la principale originalité du combo. Souvent cantonné en arrière plan chez la plupart des groupes, l'instrument donne ici le ton de chacun des morceaux du disque. C'est particulièrement flagrant sur l'excellent You Wish You Were Red.

De leurs côtés, les six cordes cristallines redonnent un peu de fraicheur aux morceaux qui tendent tous vers une mélancolie plus ou moins prononcée. On navigue dans Ester comme on naviguerait sur les eaux du Styx, lentement, bercé par les flots d'un avenir noir et incertain. Le son des Trailer Trash Tracys est brumeux, langoureux, bien aidé par la voix suave de Suzanne Aztoria qui, sans réelle originalité, nous transporte pour un aller sans retour vers des contrées inconnues. Les rythmiques volontairement déshumanisées raisonnent dans nos cerveaux (Turkish Heights) et apportent une dimension quasi mystique à certains morceaux, notamment Starlatine, véritable ovni de pop expérimentale.
L'intérêt de ce disque tient dans la coexistence réussie d'éléments rétros, telles des boites à rythmes assumées kitsch sur Dies In 55, associés à des bidouillages électroniques d'aujourd'hui. Les époques s'entremêlent dans la musique du quatuor londonien qui se joue de la technologie et des possibilités qu'elle peut offrir.

Et là, d'un coup, la question se pose de savoir si, dans douze mois, cet album hantera encore les esprits, telle une bande originale intemporelle, s'il aura mûri et franchi l'étape de la scène, ou s'il remplira les cartons de l'oubli. Difficile de se prononcer. Néanmoins, Ester est et restera un bon premier album.
tracklisting
    1. Rolling Kiss The Universe
  • 2. You Wish You Were Red
  • 3. Dies In 55
  • 4. Engelhardt's Arizona
  • 5. Los Angered
  • 6. Starlatine
  • 7. Candy Girl
  • 8. Strangling Good Guys
  • 9. Black Circle
  • 10. Turkish Heights
titres conseillés
    You Wish You Were Red, Dies In 55, Turkish Heights
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