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Baddies

Build

Baddies - Build
Chronique Album
Date de sortie : 05.03.2012
Label : Medical
4
Rédigé par Aurélien, le 14 mars 2012
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Commençons cette chronique par un fait frappant : il y a comme un petit côté Kaiser Chiefs à l'écoute de Build, le dernier album des anglais de Baddies. Constat simpliste ou réalité sonore, jusqu'où peut-on pousser la comparaison ? Une petite étude croisée s'impose en guise de réponse à nos questions.

Côté discographie, d'un côté nous avons Baddies et leurs deux premiers albums studio, respectivement Do The Job et Build, obtenus dans l'angoisse et la sueur. Comprenez par cela, l'incertitude artistique, la recherche perpétuelle de fonds pour continuer le rêve musical et, surtout, une recherche constante de succès auprès d'un public volatile et boudeur. De l'autre côté, nous contemplons la machine à tubes Kaiser Chiefs et leurs quatre galettes qui n'en finissent plus de tourner sur les platines d'une foule demandeuse. Un succès fulgurant qui les a très vite éloignés du besoin. Un luxe dans le monde indie qui, pendant de nombreuses années, leur a offert la possibilité de se focaliser entièrement sur leur musique et qui leur a permis de ne pas se soucier des lendemains. Puis, récemment, quelques tracas existentiels futiles liés à leur statut de monstre du rock indie qui se sont fait ressentir sur la qualité de leur dernier objet sonore, médiocre.

Tandis qu'à Leeds les cinq anglais de Kaiser Chiefs saturent les ondes radio au travers d'une liste interminable de succès sonores tirés de l'album de leur début, chez les quatre de Baddies, originaires de Southend, c'est plutôt le calme plat. Peinant à convaincre les foules en sortant l'énergique Do The Job en 2009, le quatuor doit dédoubler d'effort sur scène pour imposer les pistes décentes que sont Open One Eyes ou Battleships, en vain. La cause ? Un son peut-être trop brutal, trop grossier, ainsi qu'une articulation difficile et violente de la part du jumeau Webster sur certains titres, ont eu raison des curieux.
Néanmoins, un noyau de fans semble tout de même s'être formé au gré de leurs tournées en Grande-Bretagne et en Allemagne. Et tandis que les inarrêtables Kaiser Chiefs n'ont qu'à claquer des doigts pour obtenir le financement de leur second album, Baddies doivent, eux, faire appel justement à ce noyau de fidèles pour lever la somme nécessaire à la production d'une seconde chance musicale, qui deviendra Build. Tel un Lego, brique par brique, petit geste après petit geste, ce deuxième et dernier effort studio se construit par échange de bons procédés et voit donc heureusement le jour.

Dès lors, cette leçon de solidarité 2.0 nous donne dix pistes aux qualités certaines et qui respirent l'espoir pour un groupe jouant perpétuellement sur le fil du rasoir. Musicalement, la comparaison entre Baddies et Kaiser Chiefs prend cette fois tout son corps et se matérialise en vérité sonore. Un recentrage artistique un brin plus new wave que post-punk qui plaira d'avantage à la masse. Des synthés colorés, une rythmique soutenue, des voix bien plus distinctes et chantées qu'à l'accoutumée, des refrains mélodieux et entêtants, tout est réuni pour offrir une deuxième chance à la troupe des Baddies. La ressemblance devient parfois troublante lorsque l'on écoute d'une oreille lointaine certains bouts du dynamique Rewire, du saccadé Centurion ou du répétitif These Animals.
Mise à part cela, le singularité du groupe se fait toujours ressentir sur des morceaux tels que l'agréable single Bronto, le brutal Talk To Me Germany ou encore l'énergique Man Made Man. Et, cerise sur le gâteau, sur l'étiré Star Surfing et l'éclairé The Lightmen, le groupe commence même à nous séduire par un registre un tantinet plus doux et subtil, avec en apogée un magnifique riff de guitare digne des australiens de Tame Impala sur le dernier cité.

Au final, les quatre musiciens de Baddies ne forment donc pas qu'une simple copie du groupe Kaiser Chiefs. En effet, disons plutôt qu'ils sont de jeunes et lointains disciples nourris par une expérience de vie diamétralement différente. Une vie certes pas toute rose, mais solidaire, leur permettant de constuire un futur provisoire, en poussant ce second souffle musical nommé Build.
Contrairement à Kaiser Chiefs, Baddies sont, eux, sur la pente ascendante avec la sortie de cet agréable Build. Espérons donc que cette tendance continue pour ce petit groupe qui mériterait de grandir !
tracklisting
    01. Rewire
  • 02. Man Made Man
  • 03. Mind Machines
  • 04. The Lightmen
  • 05. Excess Energy
  • 06. Talk To Me Germany
  • 07. Centurion
  • 08. These Animals
  • 09. Bronto
  • 10. Star Surfing
titres conseillés
    The Lightmen, Bronto, Rewire, Star Surfing
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