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Breton

Other People's Problems

Breton - Other People's Problems
Chronique Album
Date de sortie : 26.03.2012
Label : FatCat Records
5
Rédigé par Amandine, le 19 mars 2012
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Breton est le genre de groupe venant faire un pied de nez à tous ceux qui pensent que la musique des années 2010 tourne en rond, n'est que formatage radio ; ils viennent botter les fesses des adeptes du « c'était mieux avant ». Alliant abstraction et poésie, live et synthétique, et se posant en fervent défenseur de l'esthétique, Roman Rappak mène d'une main de maître le jeune collectif réactif et créatif, au cheminement aussi excitant que la vie de David Bowie.

L'ascension est pour les jeunes Londoniens rapide et fulgurante : encore inconnus il y a quelques mois, ils ont réussi à attirer l'attention sur leur concept music. Après un triptyque d'EPs plus ou moins homogènes, ils sont signés sur le prestigieux label FatCat, l'occasion pour eux de faire éclater leur créativité dans des conditions idéales avec Other People's Problems.

Après avoir découvert leur premier single, Edward The Confessor et, il y a quelques jours, le clip d'Interference, Breton nous tenaient en halène : quel verdict pour ce premier album si attendu ? Ne laissons pas planer le suspense plus longtemps : le disque dépasse les espérances et parvient à créer la surprise.
On craignait un peu que le groupe ne se perde dans ses diverses collaborations : la réalisation de la dernière vidéo de Sinead O'Connor, la sortie d'un EP gratuit, The Blanket Rule, les multiples concerts en Europe et en ce moment même aux Etats-Unis pour leurs premières dates en tête d'affiche, mais c'était sans compter sur la folie travailleuse des quatre artistes.
Une pochette sobre de building, à l'image du collectif : brut et urbain, un titre en hommage à Andy Warhol que Roman chérit tant : le décor est posé. Enregistré entre le Lab, ancienne banque désaffectée, et l'Islande, dans les studios de Sigur Rós, Other People's Problems dévoile la personnalité fascinante et complexe de ses quatre concepteurs.

Avec l'ouverture sur Pacemaker, on retrouve d'emblée le son industriel et faussement lo-fi que l'on commence désormais à connaître. Sur un fond dubstep et un phrasé un brin saccadé, les cordes se mêlent aux sonorités électroniques pour créer un équilibre instable. Cet album est parsemé de petites pépites, à l'image d'Electrician et ses sections rythmiques à contretemps. Le DIY et le décalage semblent étudiés dans les moindres détails : petits claps, choeurs « Oh oh oh » entraînants tout en gardant une base constante : un mélange de claviers et synthés grinçants, de batterie et de boîtes à rythmes, et de cordes délicates qui éclatent aux moments les moins attendus.
Loin d'être conçus dans le même moule, les onze titres de cet album piochent dans les influences diverses de Roman Rappak : des instants rock (Wood & Plastic) et plus électro-dubstep (Ghost Note). Breton font aussi preuve de leur savoir-faire avec des mélodies plus enlevées et douces ; 2 Years et son rythme lancinant sonne comme un moment d'accalmie avant une tempête sonore composée du trio Wood & Plastic/Governing Completely et Interference. Les deux dernières, déjà testées en live, sont d'une efficacité sans faille. Taillées pour le dancefloor avec ses cow bells et ses boîtes à rythmes, impossible d'y résister, que ce soit à 8h du matin sur la route du train-train quotidien ou au lever du jour, en after.
Breton réussissent à concevoir de la dance music qui ne tombe ni dans la vulgarité, ni dans le formatage. Jostle et sa petite mélopée tournant en boucle possède ce je-ne-sais-quoi d'entraînant qu'on ne sait expliquer ; sa fin inopinée nous laisse hagards, ne sachant où et comment les Anglais ont réussi à nous emmener dans les tréfonds de leurs délires bruitistes.
Une fin en suspens sur The Commission, intrigante et angoissante et Other People's Problems nous promène entre douceur et décadence.

Si la volonté avouée de cet album était de donner quelques pistes sur les protagonistes de Breton, une chose est sûre : leur univers est à la fois fascinant et complexe, intrigant et direct. La musique de Breton est une antithèse à elle seule.
tracklisting
    01. Pacemaker
  • 02. Electrician
  • 03. Edward The Confessor
  • 04. 2 Years
  • 05. Wood & Plastic
  • 06. Governing Correctly
  • 07. Interference
  • 08. Ghost Note
  • 09. Oxides
  • 10. Jostle
  • 11. The Commission
titres conseillés
    Edward The Confessor, Governing Correctly, Interference, Jostle
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