The Futureheads

S'il y a bien une chose que l'on ne pourra pas enlever aux Futureheads en 2012, c'est incontestablement leur goût du défi. Car Rant, le cinquième album des Britanniques, aurait très bien pu se poser entre un disque de Pow Wow et un autre de gospel ! Bref, pas vraiment dans le rayon du genre rock auquel ils nous avaient jusque là habitués.

Enregistré totalement a capella, Rant est composé d'anciens titres du groupes revisités, de reprises et de quelques chansons folkloriques. S'il ravira les amateurs d'harmonies vocales, d'incantations spirituelles, de groove et de rythme, peut-être perdra t-il aussi quelques fans ayant aimé l'énergie punk du groupe. Quelques irréductibles, eux, pourront apprécier.

Car s'il déroute, ce nouvel album ne veut pas dire qu'il ennuie. Maîtres dans l'art de revisiter des reprises dance, hip-hop ou R'n'B avec brio (écoutez les versions minimalistes mais efficaces de Meet Me Halfway des Black Eyed Peas et Acapella de Kelis), les Futureheads ont un petit goût de fantaisie (The No.1 Song In Heaven) qui file le parfait amour avec leur sens du rythme (Meanwhile, Robot) et le fin alliage des voix des quatre membres du groupe, toutes chantées dans une tonalité différente, apporte à certains titres une profondeur et une vigueur bienvenues (la reprise de Beeswing de Richard Thompson, et Thursday).
Ici et là, le groupe se prête avec séduction au chant en canon (Sumer Is Icumen In) dans le souci de faire contraster son intensité (The Old Dun Cow), et réussir à imposer une énergie pourtant tout sauf simple à insuffler (Man Ray). Si, en général, une voix lead encadre les autres, toute la gamme d'harmonies vocales développées dans ces douze chansons est aussi riche que maitrisée.

En résumé, un disque atypique dans la carrière du groupe anglais qui, s'il s’essouffle sur la longueur, reste une réelle performance de musiciens doués.