Morning Parade

Construit sur les fondations de groupes aussi diamétralement opposés que Radiohead, Snow Patrol ou Two Door Cinema Club, le petit édifice énervé de Morning Parade n’a pas fini d’agiter le paysage sonore anglais. Preuve en est avec un premier album éponyme chatouilleux.

Tous les kids d’Albion vous le diront, on s'épanouit bien mieux sous un poster de rock star. La chambre de Steve Sparrow devait certainement en être parsemée. Le leader de Morning Parade a dû s’imaginer de nombreuses fois en futur Jeff Buckley avant probablement d’improviser une battle d'air guitar imaginaire, sur un air de Led Zeppelin, comme il se doit. Souvent, le stade de Wembley a d’ailleurs scandé son nom. Toutes les rocks stars vous le diront, plus tu en baves, plus tu es pressé d’arriver en tête d’affiche de Glastonbury. Pas en mode air guitar, cette fois-ci, mais pour de vrai.
Savez-vous ce que faisait Steve Sparrow avant de faire du rock son job à plein temps ? Il était ouvrier, tout comme Phil Titus, le bassiste. Pas de quoi fouetter un roadie direz-vous. Cependant, admettez tout de même que l'on est loin des confortables écoles d’art.

C’est ainsi qu’en quintet pressé, mais réfléchi, la bande a déjà joué devant des milliers de personnes, ouvrant les concerts de Biffy Clyro, Glasvegasou Coldplay. Remarqués, les cinq de Harlow ont également collaboré avec David Kotsen, producteur de l’indomptable Bat For Lashes, notamment. Bêtes de stade, la formation sait aussi s’attirer les faveurs de programmations arty avec une apparition en novembre 2011 au Festival Les Inrocks Black XS, entre Miles Kane et Friendly Fires.
Ils sont trop forts Morning Parade. Un peu parfaits, un peu prévisibles, peut-être trop sérieux ? Les deux premiers à coup sûr. L’album est puissant, tiraillé par une batterie qui a le hoquet, des guitares qui ne s’arrêtent plus et des superpositions de claviers à ne plus savoir où les mettre. Blue Winter, en ouverture de l’album, donne l’impression de pogoter dans la neige avec un frisson électrique qui vous parcourt la nuque. Headlights envoie un petit coup de pied à Blur et Song 2, rappelant au passage que l’album de Morning Parade a été enregistré dans le studio13 de Damon Albarn, sous la houlette de Jason Cox (le producteur de Blur).

Le single Under the Stars sonne comme un inédit des Two Door Cinema Club et ne demande qu’un remix. Et puis, soudain, on reçoit une boule de neige gentillette, avec Half Litre Bottle. On ne dit rien. Après c’est Monday Morning et sa production toute en stalagmite de dentelle qui gèlerait bien volontiers sur la bande FM, talonné par Born Alone qui, joué en concert, donnera certainement envie de se diriger vers le bar.
Morning Parade accompli sa mission, sachant parfaitement aligné des titres pop-rock (oh la vilaine expression), trop fatigué avant l’âge pour aller à l’after de Two Door Cinema Club et trop underaged pour rejoindre Biffy Clyro au fumoir.

Que faut il donc, souhaiter à Morning Parade ? Au choix : faire le mur de Kitsuné ou enregistrer l’album de l’année avec Josh Homme, bref, plus de surprise et de prises de risque, dans leur vie bien rangée de rock stars.