Simian Mobile Disco

Né des cendres toutes fraîches du quatuor électro rock Simian qui, soit dit en passant, aurait certainement pu être un sérieux concurrent des belges Soulwax dans la catégorie des groupes que les clubs s'arrachent pour faire monter la température entre deux DJ sets, le duo Simian Mobile Disco débute ses activités dès 2005 mais ne se fait vraiment remarquer qu'en 2006 lorsque le label Kitsuné (déjà eux) s'empare de leur tube incandescent Hustler.

Après Temporary Pleasure et sa pluie d'invités rendant l'ensemble très hétérogène et faisant ressembler l'album à une compilation regroupant le meilleur de l'électro-pop actuelle puis le florilège d'instrumentaux à tendance fortement technoïde, Delicacies, Simian Mobile Disco, « SMD » pour les intimes, nous invitent à un nouveau voyage sensoriel situé à mi-chemin entre les deux.
Dès les premières secondes de I Waited For You, impossible de se tromper, les sons caractéristiques du duo raisonnent dans nos têtes bientôt suivis de séquences répétitives qui s'interpénètrent les unes dans les autres. Le titre suivant accélère le tempo avec des éléments percutants qui poussent jusqu'à mettre tous les membres de l'auditeur en émoi provoquant un irrésistible désir de se laisser emporter par le démon de la danse. Le langoureux single Seraphim est une plongée tranquille dans l'univers de la deep house avec son refrain qui tourne dans tes oreilles encore et encore jusqu'à l'étourdissement.

Malheureusement, le temps se gâte ensuite avec A Species Out Of Control et son appel de détresse lancé au fin fond de l'espace qui finit par se perdre et nous perdre avec lui jusqu'à sa lente extinction. Interference, quant à lui, porte bien son nom en mixant de faux rythmes que l'on croirait tirés du Carnaval de Rio, ses clappements de mains et ses sons triturés à l'envie qui nous donnent l'impression d'entendre des machines crier de souffrance dans des tonalités très propres au duo.
Le chant de Put Your Hands Together se veut encore une fois réduit à deux phrases déclamées jusqu'à l'épuisement des sept minutes du morceau avec quelques effets de chœur qui replongeront dans la dance les générations ayant connu les années 80s. On passera sur le morceau analogique suivant dont l'harmonie des échanges verbaux entre machines peut laisser pantois. A se demander si ces deux-là n'ont pas tenté de créer un remix peu inspiré de la bande originale de Rencontres du 3ème type !
Le vocal humain déformé reprend ses droits avec le très house Your Love Ain't Fair qui devrait offrir de belles séances de communions orgasmiques sur les dancefloors de la planète avant que les neuf pistes ne se referment sur Pareidolia et ses incessants changements de directions qui ne manqueront pas, eux aussi, de faire perdre la tête et les repères des bipèdes qui s'y frottent.

A l'évidence, difficile d'affirmer que l'album est au final très mélodique. Il n'est pas aisé d'en conserver un souvenir dans le coin de sa tête, comme si le duo avait voulu que l'on pense écouter un disque différent à chaque mise en route de platine. James Ellis Ford et James Anthony Shaw n'ont cependant pas menti sur la marchandise et leurs « non motifs » sonores se fondent dans une belle confusion qui étourdit nos sens pour nous faire partir à la rencontre de nouveaux horizons inconnus, et ce pour un prix nettement plus abordable qu'un voyage dans l'espace.
Difficile à appréhender, cette nouvelle production de Simian Mobile Disco dévoile ses multiples facettes au fur et à mesure des écoutes et devrait prendre toute son ampleur sur scène devant un public averti qui ne demandera qu'à se laisser envoûter par les sons hypnotiques du duo.