exlovers

exlovers auront mis quatre années à sortir leur premier album. Ce sont des rescapés de cette période bénie du revival rock britannique des années 2000, où l'on s'arrachait les 45 tours de groupes inconnus, souvent sans recul ou objectivité, vivant l'instant, trop joyeux d'avoir l'impression de faire partie de quelque chose en mouvement. Depuis, le soufflé est retombé, et bien après la date d'expiration de la plupart des groupes de l'époque, exlovers ressurgissent en 2011 avec le formidable single Blowing Kisses se rappelant à notre bon souvenir. Il est désormais temps de passer à l'étape supérieure, le long format.

Les deux leaders, désormais accompagné d'un groupe, ont eu raison de nous faire autant trépigner, voire de se faire oublier, car il semblerait que même si les chansons sont toujours sensibles, fines et délicates, leur son s'est épaissi, étoffé, les guitares ont pris de la rage et de l'énergie. Les anciens morceaux (Just A Silhouette et You Forget So Easily) ont d'ailleurs bénéficié d'un léger lifting réussi. Le groupe a finement joué son coup, virant d'une indie-pop légèrement folk vers un registre plus shoegaze/dream pop, au voile lo-fi discret, dans la veine de The Pains Of Being Pure At Heart (en plus pop) ou surtout de leurs homologues étasuniens Dream Diary et Big Troubles, les groupes ayant probablement la même passion dévorante pour à la fois Sarah Records et My Bloody Valentine.

Ils n'en demeurent pas moins très singuliers dans ce paysage grâce au couple de voix fille/garçon qui fonctionne à merveille et, surtout, un talent insolent pour écrire des chansons à la fois mélancoliques, une obligation lorsque l'on parle autant d'amour, et entrainantes dont quelques tubes potentiels tels les sublimes This Love Will Lead You On ou Blowing Kisses.
Moth ne souffre d'aucun temps mort. Il est ainsi très difficile de trouver des chansons faibles à cet album, mais s'il fallait chipoter, Wish We Never Met, un peu trop languissante, mais qui remplit avec succès sa fonction dans le disque, offrir une respiration entre les deux très vigoureuses You're So Quiet et Moth-Eaten Memories.

Avec ce formidable premier disque, exlovers frisent l'album pop parfait. Il est et sera à n'en pas douter l'un des meilleurs disques indie pop de l'année. Les anglais effectuent ici un retour que l'on n'imaginait pas aussi fracassant. On en retiendra une chose : si les Etats-Unis sont depuis quelques années devenus les leaders en matière de rock à guitares, la perfide Albion n'a pas dit son dernier mot avec des groupes comme Veronica Falls, Girls Names et exlovers dont la poigne rageuse s'échine avec talent et vigueur sur la six-corde.